Des centaines d'enfants atteints d'autisme de la wilaya de Sétif sont privés de scolarisation. En l'absence de structures adaptées à ces enfants aux besoins spécifiques dont le nombre dépasserait, selon des orthophonistes, 1000 cas, eux et leurs parents devront, une fois de plus, prendre leur mal en patience. «L'autisme est un problème de santé publique. Il doit bénéficier d'une attention particulière. Celle-ci passe inévitablement par l'intégration de l'autiste dans un milieu scolaire approprié. Ce cadre est une excellente opportunité pour le développement et l'épanouissement de l'autiste. Pour une meilleure prise en charge d'un tel problème, qu'on a tendance à négliger et à occulter, on doit impérativement mettre en place des classes spécialisées à la charge d'enseignants formés. Lesquels devront être secondés par des auxiliaires de vie scolaire (AVS) ayant des compétences qui leur permettent de cerner les difficultés d'apprentissage de l'autiste», soulignent des orthophonistes et des psychologues qui tiennent à saluer le courage des parents, obligés d'affronter seuls une aussi lourde pathologie. «En plus de l'implication directe des parents, la prise en charge de l'autiste est l'affaire d'équipes pluridisciplinaires constituées d'orthophonistes, de psychologues et d'éducateurs spécialisés», renchérissent nos interlocuteurs, estimant qu'un tel problème est méconnu par une importante frange de la société. «Une classe spéciale pour les enfants autistes en âge de scolarisation n'est toujours pas d'actualité à Sétif. Chaque année, des promesses sont avancées, mais point de concret. Les enfants autistes sont une fois de plus obligés de rester cloîtrés entre quatre murs. Pendant que les autres enfants de leur âge partent joyeusement, cartable sur le dos, rejoindre les bancs de l'école. Des circulaires du ministère de l'Education nationale stipulent bien que les enfants autistes ont eux aussi droit à une scolarisation. La ministre de la Solidarité nationale a pourtant annoncé qu'un projet devant consacrer une classe pour les enfants atteints d'autisme sera installé dans les établissements scolaires à partir de l'année scolaire 2015/2016, mais les promesses de la ministre n'ont pas été matérialisées», tonnent des parents outrés par l'indifférence des responsables concernés. Marqués par tant d'épreuves, nos interlocuteurs enfoncent le clou : «Quand des enfants atteints d'autisme sont scolarisés dans des classes ordinaires, ils n'apprennent rien. Le manque de formation de l'enseignant, pas du tout outillé face à un enfant hyperactif, manquant de concentration et ne comprenant pas le plus souvent ce qu'on lui demande, joue en défaveur de l'autiste qui se retrouve seul au fond de la classe», martèlent les parents à bout psychologiquement. Le son de cloche du secrétaire général de la direction de l'éducation de Sétif, Saad Merazig, est tout autre : «La réussite de l'expérience initiée l'année dernière à El Eulma a boosté la demande qui a nécessité l'ouverture d'une deuxième classe. Afin de lancer la même opération à Sétif, nous invitons les parents des enfants atteints d'autisme à prendre attache avec le service de l'organisation pédagogique de la direction de l'éducation.» Cette réponse n'a pas été du goût des parents qui s'insurgent : «Nos enfants sont inscrits sur le registre depuis des années, mais point de classes spécialisées. La direction de l'éducation qui a bien voulu ouvrir une classe pour les enfants trisomiques à l'école Khebaba ne fait rien pour les autistes.»