Portant sur des questions politiques et sécuritaires, les discussions ont pour objectif d'échanger les points de vue, notamment sur les préoccupantes situations sécuritaires en Libye et au Sahel. Mais également des dossiers en rapport avec le dialogue politique entre les deux capitales qui est parfois marqué par des moments de tension. Abdelkader Messahel qui s'est entretenu avec le patron du Quai d'Orsy, Jean-Marc Ayrault, à l'issue des travaux de la session, a «saisi» cette l'opportunité pour élargir davantage son espace d'action au sein de la diplomatie algérienne. Pas à pas et par petites manœuvres, Messahel s'impose comme véritable ministre des Affaires étrangères bis. Ramtane Lamamra «résigné» ne pouvait que constater les avancées de son «concurrent». Piètre image Si au palais des Annasser, l'on tente de minimiser les rivalités larvées entre les deux hommes, nombreux sont les diplomates algériens qui relèvent une bicéphalité dans la conduite de la politique étrangère. «Les deux hommes se marchent sur les pieds», commente un haut fonctionnaire au ministère. «Les partenaires de l'Algérie, les diplomaties étrangères extrêmement sensibles à ce genre de situation ne comprennent pas. Il ne peut y avoir deux ministres qui interviennent souvent sur les mêmes dossiers», glose un ancien ambassadeur qui se souvient de la piètre image donnée lors de la journée de la diplomatie, où les représentants des pays étrangers constataient étrangement deux discours donnés par Lamamra et Messahel. C'est une «faute politique et diplomatique». Qui porte alors la voix de la politique étrangère de l'Algérie, s'interroge-t-on. L'intangible principe de l'unicité dans la représentation extérieure du pays est sérieusement malmené. De toute évidence, ce bicéphalisme a fini par brouiller la parole diplomatique algérienne. Il faut dire que depuis l'incompréhensible remaniement ministériel de mai 2015 et l'institution d'un ministère de la Coopération internationale confié à Abdelkader Messahel avant de le «corriger» quatre jours après, en changeant juste l'appellation, la diplomatie fonctionne avec deux têtes qui ne sont pas forcément en harmonie. Un ministère dans un ministère – un montage intenable – qui ne cesse de provoquer des couacs et parfois des contre-performances diplomatiques et autres encombrements dans la gestion des dossiers. Le limogeage inexpliqué de l'ambassadeur d'Algérie à Paris, Amar Bendjamaa, et son non-remplacement en est l'une des illustrations d'une gestion hasardeuse du MAE. Ramtane Lamamra discret et efficace, qui a su redonner à la diplomatie algérienne la vivacité et la vigueur, a fini par concéder d'énormes espaces à Abdelkader Messahel, rompu à la manœuvre politique. Deux chefs de la diplomatie que presque tout oppose. Deux profils opposés Le premier est un homme plutôt réservé et respectueux des mœurs diplomatiques classiques, alors que le second est un personnage expansif et fin manœuvrier politique. Au ministère des Affaires étrangères, on n'arrête de pas de spéculer sur qui «va manger la tête de l'autre». Ramtane Lamamra dont le regard est tourné ailleurs, loin des travées de l'imposant palais qui surplombe Alger, risque de jeter l'éponge face à un Messahel qui s'emploie sans relâche à assouvir l'ambition de finir sa carrière comme chef incontesté de la diplomatie algérienne. Cette bataille qui agite le ministère, laissant beaucoup de diplomates chevronnés sur le carreau, ternit la diplomatie algérienne.