Le blogueur Merzoug Touati, arrêté le 18 janvier par les services de sécurité à Béjaïa, a fait cassation de sa mise sous mandat de dépôt il y a quatre jours par le parquet près le tribunal de Béjaia, nous a confié un membre de sa famille. Son dossier étant actuellement entre les mains du juge d'instruction, le blogueur dispose d'une période de 20 jours avant de passer à la chambre d'accusation. Selon les informations en notre possession, le blogueur, qui est actuellement en détention provisoire à la prison El Khemis (centre-ville de Béjaïa), a contacté maître Nordine Ahmine, afin de lui demander d'assurer sa défense. Sa famille a, de son côté, contacté plusieurs avocats, dont Salah Debbouz, lequel a d'ores et déjà alerté l'opinion publique sur cette affaire à travers les médias. Merzoug Touati, diplômé en commerce international au chômage, serait accusé, entre autres chefs d'accusation, d'«intelligence avec une force étrangère». Sur son blog, El Hogra.com — toujours fonctionnel — il avait publié une vidéo qui le montre en train de s'entretenir avec une personne supposée être un officier israélien à la retraite du nom de Hacène Kaâbia. Dans l'entretien réalisé en langue arabe via Skype, l'interlocuteur de Merzoug révèle notamment l'existence, jusqu'à l'année 2000, d'un bureau secret israélien à Alger qui ferait office de «semi-ambassade», avant d'être fermé en signe de pression sur l'Etat hébreu. Le blogueur avait diffusé aussi une autre vidéo où il se plaint du mal-vivre en Algérie, indique sa famille. Mercredi dernier, alors qu'il était avec son frère de 7 ans, il a été arrêté par la police, qui a procédé à une perquisition dans son domicile, à Laâziv Oumaâmar (Béjaïa-ville) et saisi un ordinateur et un appareil photo, indique sa famille. La mère de Merzoug et ses proches disent «ne pas comprendre que leur fils soit arrêté alors qu'il ne faisait que s'exprimer et faire part de ses opinions en toute liberté». Merzoug Touati, 28 ans, allonge ainsi la liste des blogueurs algériens arrêtés et poursuivis pour leurs publications sur internet. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) a réagi à travers un communiqué, où elle dit suivre le dossier en contact avec la famille du prévenu tout en déclarant sa mobilisation pour sa défense. Elle ajoute : «En attendant la clôture de l'instruction, les avocats de la LADDH sont d'ores et déjà mobilisés pour la défense et l'accompagnement du prévenu pour faire valoir ses droits et le respect des normes d'un procès équitable.» La Laddh indique enfin que «l'Observatoire algérien des procès (OAP) se mobilise pour garantir un procès équitable».