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« Le pouvoir encourage les conflits interethniques entre Noirs et Arabes » Kaaw Mouhamadou Touré. Porte-parole des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM)
Les Forces de libération africaines de Mauritanie fêtent leur 27e anniversaire. Un triste événement qui marque de longues années d'exil et de résistance. Depuis un mois vous dénoncez de manière plus virulente l'esclavage pratiqué dans votre pays… L'esclavage est, malheureusement, une réalité et dans les mentalités de la plupart des Mauritaniens. L'administration, hélas, hésite à le combattre, elle n'a d'ailleurs jamais œuvré réellement pour son éradication. Des mesures juridiques rigoureuses et fermes n'ont jamais été prises contre les tenants de cette pratique. Il est impensable et inacceptable qu'au XXIe siècle, des hommes puissent être considérés comme des bêtes de somme. Les dernières élections demeurent-elles une controverse en Mauritanie ? Elles ont été plus ou moins acceptées par les différents candidats même s'il y a eu des doutes sur leur transparence. Aziz est maintenant le président de fait et nous avons admis comme tout le monde son élection. L'essentiel réside dans la résolution de la question nationale et sociale en Mauritanie, c'est-à-dire le combat contre le racisme d´Etat et l´esclavage dans notre pays. Où sentez-vous le plus l'émergence du conflit Noirs et Arabes ? Il n'y a pas de conflit Noirs-Arabes. Mais depuis l'indépendance, des politiques à caractère racistes et assimilationnistes tendent à gommer l'identité négro-africaine de la Mauritanie, créant ainsi un problème de coexistence. Le pouvoir cherche à diviser le peuple en exacerbant les préjugés interethniques via une politique volontairement et exclusivement panarabiste. La question est, depuis deux semaines, encore à la une de la presse mauritanienne, dans la rue, dans les salons et les forums mauritaniens du fait des propos irresponsables et ethnofascistes de l'actuel Premier ministre, propos qui nous rappellent le discours du despote déchu Maouya Ould Sid'Ahmed Taya. Cette période est pourtant terminée… On croyait cette tentative d'oppression culturelle finie, mais, hélas, les démons du panarabisme ravageur et ethnogénocidaire sont de retour avec la complicité des médias d'Etat où la composante négro-mauritanienne est quasi absente. Les déportés qui sont rentrés et qui réclament leurs terres de culture sont arrêtés et emprisonnés sans autre forme de procès et l'expropriation des terres des paysans négro-mauritaniens continue de plus belle. Le dossier du passif humanitaire (assassinats de plus de 600 cadres civils et militaires négro-africains) est tombé dans l'oubli, et comble de provocation, les tortionnaires notoires sont promus, pour dit-on assurer la sécurité du pays. On assiste à un glissement vers un retour au parti-Etat et au monopole des médias d'Etat. Les menaces contre l'opposition sont devenues monnaie courante. L'espoir qu'avait suscité l'élection du général auprès de certaines couches défavorisées est en train de se dissiper. Est-ce que la Mauritanie doit se rapprocher du Maghreb ou de l'Afrique ? A ma connaissance, le Maghreb n'est pas un continent mais une région de l´Afrique. Pour nous la Mauritanie doit se tenir à équidistance entre le monde arabe et le monde négro-africain, sans quoi les proclamations tant de fois répétées de « trait d'union » ne seraient que vains mots. Nous avons toujours regretté de voir les autorités mauritaniennes se détourner de l'Afrique noire, ignorant de ce fait que le caractère arabo-berbère et négro-africain du pays leur imposait un équilibre entre les mondes arabe et négro-africain. Les propos irresponsables du Premier ministre tendent justement à l'éloigner davantage de cet équilibre indispensable.