Les tenants du pouvoir n'envisagent pas, du moins pour le moment, de céder aux millions d'Algériens sortis dans la rue pour exiger le départ de tout le régime politique en place. Le premier ministre, Noureddine Bedoui et son adjoint Ramtane Lamamra ont entamé des consultations tendant à la formation du nouveau gouvernement », rapporte l'agence de presse officielle APS. La nouvelle équipe gouvernementale serait composée « des compétences nationales avec ou sans affiliation politique et reflétant de manière significative les caractéristiques démographiques de la société algérienne », précise APS en citant une source bien informée. Cette démarche constitue une réponse négative aux grandioses manifestations pacifiques, organisées vendredi dernier à travers l'ensemble des villes d'Algérie. Des manifestations pendant les quelles des millions d'Algériens ont exprimé, on ne peut plus clair, leur rejet de l'offre du pouvoir portant prolongation du 4e mandat de Bouteflika et organisation d'une conférence nationale sous le patronage des émissaires du régime Brahimi, Lamamra et Bedoui. Ces derniers ont été dépêchés par les tenants invisibles du pouvoir pour désamorcer le soulèvement populaire sans précédent que vit l'Algérie depuis le 22 février dernier. Les trois personnages précités ont d'ailleurs été décriées par les foules immenses, qui ont manifesté vendredi dernier en scandant « Système dégage ». Une revendication qui signifie, faut-il l'expliquer, le départ de Bouteflika et de toutes les figures du régime avant la formation d'un gouvernement d'union nationale et d'un un conseil ( ou comité) populaire qui seront chargés de conduire la période de transition politique. Il faut signaler qu'outre ces consultations pour la formation d'un nouveau gouvernement, le pouvoir a entamé son travail de sape contre le mouvement populaire en chargeant les walis de prendre contacts avec des « représentants d mouvement associatif », une formule qui désigne en réalité un réseau d'opportunistes tissé à travers le pays et nourri par le système depuis des décennies. Ces contacts ont d'ailleurs soulevé une vague d'indignation sur les réseaux sociaux où toutes les personnes ayant pris langue avec les émissaires du pouvoir ont été fustigés et qualifiés de « traitres » de la cause populaire. Ces manœuvres du pouvoir interviennent au moment où la rue hésite encore de passer à l'étape de la structuration de son mouvement de contestation politique. Il faut dire enfin que l'attitude, très dangereuse, du pouvoir en place, qui continue d'ignorer les manifestations massives des Algériens, joue en faveur des voix qui plaident pour la radicalisation du soulèvement populaire, jusqu'ici pacifique, beau et civilisé.