Au lendemain du 19e vendredi de manifestations populaires partout dans notre pays, la diaspora algérienne établie en France organise, ce 30 juin, une grande marche unitaire, à Paris, pour réclamer une «transition démocratique indépendante du système». Le parcours est fixé par les initiateurs de cette action – pour la plupart les mêmes acteurs associatifs et militants politiques qui organisent les rassemblements dominicaux parisiens depuis le 24 février – entre la place de la République et celle de la Nation. Organisé en plusieurs carrés représentant les nombreux collectifs citoyens et mouvements de l'opposition qui y prendront part, le cortège s'ébranlera à partir de 14h. Les membres de la communauté nationale à l'étranger veulent ainsi battre le pavé avec l'objectif principal de réitérer leur soutien à «une révolution citoyenne en marche» qui «ne fléchit pas» et «porte les aspirations de toute une nation unie pour un idéal, celui d'une Algérie meilleure, de justice sociale et de solidarité, d'égalité et d'équité, de démocratie et de paix». Selon l'appel des organisateurs, diffusé largement sur les réseaux sociaux, le cap doit être maintenu vers une transition démocratique et l'instauration d'un Etat de droit. «Nous sommes convaincus qu'une transition démocratique indépendante du système demeure le mécanisme politique le plus approprié pour permettre au peuple algérien de recouvrer, de manière pacifique, sa souveraineté pleine et entière. Une transition démocratique menée et gérée exclusivement par des femmes et des hommes non liés au régime, intègres et désintéressés. Une transition qui permettra au peuple de s'engager dans un processus qui devra, à terme, consacrer la séparation effective des pouvoirs, la vraie autonomie des contre-pouvoirs, une justice réellement indépendante, la liberté de la presse, et une égalité concrète entre les citoyennes et les citoyens», écrivent-ils. Pour ce faire, ils s'adressent directement au haut commandement militaire et à la police politique qu'ils considèrent comme le «pouvoir réel depuis 1962». Ils exigent d'eux de «rendre le pouvoir au peuple, qui scande «Djoumhouria madania, machi 3askaria !» (République civile, pas militaire). L'état-major et les services de renseignements ne doivent aucunement intervenir dans le champ politique, judiciaire et médiatique. Le militaire doit se subordonner au civil. L'armée doit être au service du peuple, au même titre que les autres institutions. Le même document, mentionnant l'un des mots d'ordre de la marche, dénonce toutes les formes de répression, policières et judiciaires, que subissent les manifestants ces dernières semaines, particulièrement à Alger : «Nous dénonçons toute atteinte aux droits humains et aux libertés fondamentales. Nous exigeons la libération immédiate de tous les détenus d'opinion, la cessation immédiate des intimidations, ainsi que les entraves à la liberté de se déplacer et de manifester pacifiquement.» Tout en mettant en garde l'opinion contre une «guerre ouverte menée par le pouvoir contre le mouvement populaire dans des médias qu'il contrôle et le cyberspace», les initiateurs expriment leur optimisme et confiance que le peuple algérien, dont la diaspora est «partie intégrante», «ne sera pas découragé, ni par les tentatives de division, ni par la propagande mensongère de ses relais, ni par les menaces». C'est ce que tentera de démonter, de la plus belle manière, la marche de ce dimanche.