Amar Tou, ministre des Transports, vient d'annoncer que les chemins de fer vont bénéficier d'une cagnotte de 30 milliards de dollars dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, doté de 286 milliards de dollars. Un peu plus d'un dixième de ce programme sera consacré au seul secteur ferroviaire dans un pays où les besoins se font sentir dans tous les domaines ; de l'emploi au logement en passant par la santé. Le ministre des Transports, qui a fait cette annonce hier sur les ondes de la Chaîne III, ne précise cependant pas la nature des projets envisagés dans ce secteur. Un secteur qui a déjà bénéficié d'importants financements de l'Etat lors des deux précédents plans quinquennaux. Le secteur des chemins de fer a englouti 50 milliards de dollars de 1999 à 2009. Dix-huit milliards de dollars ont été consacrés rien que pour la maintenance du parc des locomotives et l'électrification des lignes existantes. Une somme colossale qui n'est pas traduite par des réalisations sur le terrain. Il y a certes l'électrification d'une partie du réseau et l'acquisition de matériels pour la compagnie de transport ferroviaire, SNTF, laquelle est déjà engagée pour 17 autorails, 30 locomotives diesels et 64 rames automotrices. Mais cela ne peut coûter tous ces milliards débloqués au cours de la décennie passée. Le réseau ferroviaire n'a pas connu d'extension palpable. Il est toujours d'un linéaire de 3500 km hérités, faut-il le préciser, de l'époque coloniale. Mais pour M.Tou, le reste viendra… « Le rail va s'étendre jusqu'à Adrar, Menaâ, Timimoun, Hassi Messaoud et El Oued dans le Sud. La ligne ferroviaire entre Béchar et Oran, sur plus de 700 km, sera opérationnelle à partir de la mi-juillet », a-t-il souligné. Pour justifier les retards dans les travaux d'électrification et de modernisation de ligne Tizi Ouzou-Thénia et de la ligne Batna-Biskra-Touggourt, le ministre parle de lenteurs dues au règlement intérieur de la commission nationale des marchés publics. « Il faut situer les responsabilités au niveau de ceux qui décident pour l'inscription des projets, ceux qui concluent les marchés et ceux qui sont chargés de l'approbation de ces marchés », a-t-il expliqué. Mais de quel développement peut-on parler lorsque les chantiers n'avancent pas ? Le ministre ne précise pas que l'essentiel des projets inscrits dans le programme 2010-2014 sont des projets de l'ancien programme qui demeurent inachevés. A l'image de l'électrification et de l'extension du réseau vers le Sud. Selon lui, le réseau ferroviaire national ne sera totalement électrifié qu'en 2015. Peut-on le croire, lorsqu'on sait que les travaux du métro d'Alger et du tramway traînent encore et encore ? N'avait-il pas déclaré à la fin 2008 que « le métro d'Alger sera opérationnel fin 2009 ». Ces retards chroniques et généralisés à tous les secteurs coûtent énormément au contribuable. Preuve en est le budget réservé dans le fameux plan quinquennal 2010-2014 à la finalisation des projets encore inachevés qui s'élèvent à 130 milliards de dollars. Pourquoi y a-t-il dans presque tous les projets des retards et des surcoûts ? Cette nouvelle enveloppe financière allouée au secteur des chemins de fer va-t-elle servir au financement de nouveaux projets ou sera-t-elle consacrée à combler les trous des projets en souffrance ? Autre chose : la principale entreprise du secteur, la SNTF, se trouve asphyxiée par une lourde dette qui compromet son développement et sa modernisation tant voulus. Son directeur général, Mourad Benamer, avait indiqué récemment que la SNTF « est gravement déstructurée financièrement », précisant que les résultats financiers de 2008 font ressortir un déficit de 6,5 milliards de dinars. Pour sauver cette entreprise opérant dans un secteur stratégique, l'Etat consent à effacer sa dette cumulée depuis des années en raison d'une mauvaise gestion dénoncée par les travailleurs et les anciens cadres de l'entreprise.