La police a empêché, jeudi, le rassemblement auquel a appelé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). La police a usé de violence pour disperser les manifestants rassemblés à la place Maurice Audin : une dizaine de personnes ont été interpellées et transférées dans un commissariat à Hydra. «Parmi les 12 personnes arrêtées, qui sont au commissariat de Hydra, se trouvent Agouazi Sadi, fils du détenu Mohamed et qui est tabassé ce soir, en plus du frère du détenu Mohamed Semallah et de Karou Akli de Haizer. S'y trouvent aussi deux hommes âgés de 80 ans», précise une alerte publié par le CNLD sur sa page Facebook. Le comité, réuni le 23 novembre à Alger, a appelé à une grève générale et à un rassemblement des mamans et des familles de détenus, le même jour à 14h, sur la place Audin (Alger) afin «d'exiger la libération des détenus d'opinion et l'arrêt immédiat de la répression judiciaire». Les organisateurs ont dénoncé une réaction regrettable des policiers. «Ce qui s'est passé hier est regrettable. La répression féroce a touché les familles, particulièrement les femmes et les personnes âgées. La police a tabassé les mamans et les parents des détenus. De vieilles personnes ont été malmenées, les photos à l'effigie de leurs parents détenus arrachées et piétinées. C'est un signe de panique du régime, surtout lorsque l'on sait que notre rassemblement était pacifique», s'offusque Kaci Tansaout, coordinateur du CNLD, précisant que des policiers cherchaient à interpeller les membres du comité «fichés» par leurs services. De son côté, le Collectif des familles a dénoncé le recours à la violence qui montre le «vrai visage hideux» du pouvoir. «La police s'est attaquée aux familles, aux mamans, aux épouses et tantes des détenus… Elle a chargé les manifestants comme s'il s'agissait de vulgaires voyous. Nous étions une centaine pour plus de 2000 policiers. Des femmes ont été interpellées et malmenées. Il n'y a eu aucun respect de la personne humaine. Le pouvoir a montré son visage hideux. Il avait un message : il veut aller jusqu'au bout par tous les moyens», s'indigne Arezki Challal, coordinateur du Collectif des parents des détenus d'opinion. Les comités de soutien et d'aide aux détenus affirment qu'ils maintiendront la pression pour faire libérer leurs parents emprisonnés depuis juin dernier. «Nous allons réfléchir à des actions en coordination avec les différents collectifs, comités, syndicats pour amener le pouvoir à libérer nos enfants. Nous n'allons pas nous arrêter quelle que soit l'issue de la révolution», met en garde Challal. Dans la soirée de jeudi, la répression a continué à Alger-Centre. La police a interpellé plusieurs personnes lors de l'opération «mahraz» (pilon). «Deux fourgons de police pleins selon le témoignage des gens présents sur place», signale le CNLD.
La LADDH interpelle les autorités sur des «cas de maltraitance»
La Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) interpelle le gouvernement sur les «allégations qui font état de cas de maltraitances» à l'encontre des activistes du mouvement populaire. «Des allégations font état de cas de maltraitance et de violence à l'encontre des activistes du hirak lors de leur interpellation et de leur garde à vue dans les locaux des services de sécurité. Il s'agit de Lalami Brahim à Bordj Bou Arréridj et de Redjdal Younes, dit Lyes, à Oran. La LADDH exige l'ouverture en urgence d'une enquête et interpelle le parquet pour actionner une information judiciaire en vue de faire établir les faits, dire la vérité et faire justice», signale Saïd Salhi, vice-président de la LADDH dans un post publié sur sa page Facebook. Pour le militant, «des droits garantis au bénéfice des prévenus doivent être respectés, leurs droits protégés, leur intégrité physique et morale, inviolable et sacrée en toutes circonstances». La DGSN n'a pas réagi à la déclaration du vice-président de la LADDH.