Bien que jugée illégale par la direction générale d'ArcelorMittal Annaba, la grève générale et illimitée est maintenue par le syndicat et débutera aujourd'hui à 5h. Dans un appel aux travailleurs, le syndicat invite ces derniers à suivre le mot d'ordre jusqu'à satisfaction de leurs revendications dont des augmentations de salaire prévues par les dispositions de la convention des branches. Une convention par laquelle l'employeur ne se considère pas concerné. Les deux parties ont été convoquées, hier, par l'inspection régionale du travail à l'effet de tenter une ultime médiation, en vain. Dans le milieu des sidérurgistes, le temps est peut-être à la mobilisation mais aussi à l'inquiétude. Après l'annonce par la direction générale que les journées de grève seront ponctionnées des salaires, d'aucuns craignent que le mouvement de protestation dure dans le temps, notamment les ouvriers dont les salaires sont modestes. Après le dépôt par le syndicat du préavis de grève à la direction générale, Vincent Le Gouic n'a pas hésité à s'adresser directement à ses employés en les informant que « les grévistes ne seront pas payés. Nous devons donc recenser qui est gréviste et qui ne l'est pas ». Dans une de ses déclarations à El Watan, le même responsable a averti le syndicat qu'il prendra toutes les dispositions légales pour interrompre ce mouvement, y compris le recours à la justice. « Si la grève a lieu aujourd'hui, nous mènerons bien entendu toutes les actions nécessaires à son interruption dont celle judiciaire. Cette grève est illégale car il n'y a pas eu de procédure de conciliation, donc pas de procès-verbal de non-conciliation, Il n'y a pas eu aussi de consultation à bulletins secrets de l'ensemble des salariés », a-t-il encore ajouté. Sur un autre plan, des dispositions ont été prises par la direction pour assurer la continuité du service sur les segments sensibles. Ainsi, instruction a été transmise, hier, aux responsables des ateliers afin de prendre les devants et de lister les travailleurs n'adhérant pas au mot d'ordre de grève pour les déployer sur les postes désertés par les grévistes. Avec un bilan financier négatif jamais enregistré par ArcelorMittal Annaba, dont le conseil d'administration se réunit demain avec la présence de l'actionnaire algérien Sider (détenteur de 30% des parts), la direction générale ne semble pas en mesure de répondre aux revendications du syndicat. Outre une dette de l'ordre de 180 millions de dollars, envers le groupe propriétaire, l'unité de Annaba a enregistré des pertes considérables durant l'exercice 2009 et les premiers mois de 2010 se chiffrant à plusieurs dizaines de millions de dollars. Elles sont dues à la crise mondiale, aux perturbations techniques et surtout à l'effondrement des prix des produits sidérurgiques et les grèves. C'est pour la troisième fois après les conflits de juillet 2009 et de janvier 2010 que le complexe sidérurgique El Hadjar est exposé à une grève. La dernière en date avait coûté au complexe, selon la direction générale, plus de 6 millions de dollars.