L'élimination amère du Brésil en quart de finale du Mondial-2010 à peine consommée, une nouvelle page se tourne pour une Seleçao qui doit désormais régler ses questions de style, de joueurs et d'entraîneur avant d'accueillir la prochaine Coupe du monde en 2014. « Un cycle de travail se termine maintenant, et pas de la manière que nous souhaitions », a reconnu le milieu Gilberto Silva. En fin de contrat, Dunga, malgré ses victoires en Copa America (2007) et en Coupe des Confédérations (2009), ne devrait pas être trop regretté après cette fin de parcours abrupte, contre les Pays-Bas (1-2). Dans un pays qui a élevé le « jogo bonito » (beau jeu) au rang de religion d'Etat, son style défensif n'a jamais trop été accepté et un rapide débat sur l'identité nationale devrait favoriser un successeur à l'esprit un peu plus « maison ». Plusieurs noms circulent d'ailleurs déjà pour le remplacer. Mano Menezes semble pour l'instant le favori, autant pour des raisons personnelles que politiques. Doué pour le consensus, à l'inverse de Dunga, il est également l'entraîneur des Corinthians, club présidé par Andres Sanches, l'homme de confiance du président de la Confédération brésilienne (CBF), Ricardo Texeira, qui pourrait lui laisser son siège en 2014. Quel sélectionneur ? Mais d'autres personnalités sont également dans le chapeau. La presse italienne avance celui de Leonardo, entraîneur de l'AC Milan (2009-2010), même s'il n'a pas franchement convaincu dans le club italien. Auréolé du titre de 2002, Luiz Felipe Scolari jouit toujours d'une certaine aura populaire, mais « Felipao » vient de s'engager avec un club jusqu'en 2012. « J'ai un contrat avec Palmeiras, et c'est là que je vais travailler, a-t-il assuré à la radio brésilienne, samedi, El Dorado. Ce serait merveilleux de terminer ma carrière d'entraîneur en dirigeant une sélection dans un Mondial disputé au Brésil. Mais je ne pourrais répondre à une éventuelle offre qu'après 2012. » Enfin, reste le cas Jorginho, l'actuel adjoint. Titré en tant que joueur en 1994, il connaît bien les rouages de la sélection. Mais sa proximité avec Dunga, critiqué, minimise ses chances. Le problème du sélectionneur réglé, il faudra aussi s'atteler à celui des joueurs. Que va devenir ce groupe, propriété intellectuelle de Dunga, qui l'a façonné à son image en s'appuyant sur des hommes liges que d'autres n'auraient peut-être pas choisis ? Passé à côté de son quart de finale face aux Néerlandais, Felipe Melo est un cas typique. Second souffle Sur Twitter, l'ancien buteur Ronaldo lui a conseillé dès l'élimination « de ne pas passer ses vacances au Brésil »... « Nous devons rester unis, il ne faut pas chercher de coupables », a prévenu le capitaine Lucio pour éviter une chasse aux sorcières. A 33 et 32 ans, Gilberto Silva, sur le déclin, et Lucio lui-même, qui a formé une charnière plutôt efficace avec Juan (31 ans), auront-ils envie de continuer ? Pourront-ils le faire jusqu'en 2014, lorsque Kaka aura 32 ans, Luis Fabiano 33 ans et Robinho 30 ans ? « Ce n'est pas encore le moment de parler de ça », a coupé Kaka. Et qui appeler pour donner un second souffle à l'équipe ? Garants du jeu à la brésilienne, Ronaldinho et Adriano, écartés par Dunga, pourraient revenir, mais ils sont vieillissants également et empêtrés dans des problèmes de clubs ou extra-sportifs. La génération intermédiaire, représentée par les défenseurs Marcelo (Real Madrid) et Alex (Chelsea), et l'attaquant Pato (AC Milan), aura peut-être son mot à dire. Mais au Brésil, un pays qui n'a jamais hésité à lancer des jeunes, on attend surtout que le prochain entraîneur donne leur chance à Ganso et Neymar, les deux perles offensives de 20 et 18 ans de Santos.