Il faut se rendre à l'évidence, les mesures de confinement partiel prises jusque-là dans notre pays, bien qu'étendues à plusieurs wilayas, restent insuffisantes, eu égard à l'explosion des cas de contaminés qui fait bondir quotidiennement le nombre de décès. Le confinement total du plus grand nombre de wilayas s'avère de ce fait nécessaire, à l'exemple de Blida. Le ministre de la Santé, le Pr Benbouzid, ne l'a pas exclu et il a raison. Plus vite cela se fera, mieux ce sera, la meilleure parade contre la propagation du virus corona étant la limitation des activités humaines. Les experts sont unanimes sur ce point, avec le recul que permettent les exemples des pays les plus affectés, notamment la Chine, la Corée du Sud et Taïwan. C'est grâce à la discipline – légendaire – de leurs habitants que ces Etats ont pu stopper l'évolution de l'épidémie, bien plus que le déploiement des moyens matériels. Lorsqu'ils ont compris cela, les pays occidentaux, à l'image de la France, de l'Espagne et de l'Italie, c'était presque trop tard, le virus a eu le temps de se propager et de faire des ravages. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, c'est carrément le désastre eu égard aux tergiversations de leurs gouvernants. A Londres, il a fallu que la reine entre en scène pour rappeler l'importance de la discipline collective, ce qu'a tenté de faire, à Washington, le président Trump, mais sans la force de persuasion de la souveraine britannique. Les deux pays anglo-saxons payent un lourd tribut, les décès se comptant par milliers, sans perspective de sortie, à court terme, de la crise sanitaire. Dans le monde entier, la leçon est tirée : le confinement total est l'unique protection des populations et chaque Etat l'expérimente selon ses réalités, mais tous sont confrontés à deux écueils majeurs : la perte d'emplois et la subsistance alimentaire. Si les nations développées en souffrent à des degrés divers, que dire alors des pays du tiers-monde ? Laisser sortir les gens pour se nourrir et travailler, c'est les exposer ouvertement au virus destructeur. Les confiner, y compris par la force, c'est les laisser sans nourriture et sans revenus. C'est dramatique comme choix et chaque pays tente de trouver des solutions médianes, mais ceux qui tiennent le coup, avec plus ou moins de bonheur, sont ceux où l'emporte la discipline collective. Celle-ci permet au moins aux professionnels, engagés à tous les niveaux dans la lutte contre l'épidémie, de faire correctement leur travail d'endiguement de la pandémie. Notre pays n'échappe pas à cette problématique. Les aléas des approvisionnements en produits de base ont poussé les citoyens à l'irrespect des règles élémentaires que sont le confinement et la distanciation sociale. La tenace habitude des citoyens, notamment des jeunes, de sortir coûte que coûte de chez eux et de se regrouper dehors a été un élément aggravant. Ajoutez à cela le peu d'intérêt accordé aux injonctions des pouvoirs publics ! Enfin, le suivi des règles sur le port du masque et le lavage régulier des mains a été aléatoire. Si elle n'est pas générale, l'indiscipline collective est la cause principale de la hausse exponentielle du nombre de personnes atteintes par le coronavirus. Les autorités ne pourront y faire face qu'avec un confinement général, de jour et de nuit, de tout le pays. De l'expérience de la wilaya de Blida pourront être tirées des leçons pour toutes les autres régions. Il s'agira de combiner, avec le plus d'harmonie possible, le souci d'approvisionnement des populations avec l'obligation pour les citoyens de se confiner dans leur domicile, par la pédagogie et aussi par des décisions (politiques) les rassurant sur leur devenir après la crise, leurs revenus, leurs emplois, etc. Sur le volet socioéconomique, tout est à faire. Il s'agira de faire passer aux entreprises ce cap difficile par des mesures fiscales et bancaires principalement. Nombre d'entre elles – les PME du secteur privé surtout – jouent leur survie et avec elles le devenir de millions de travailleurs. Ne parlons pas de l'informel qui, faute d'activités, ne fait plus vivre, là aussi, des millions de familles.