L e parti Jil Jadid rend publique sa contribution pour le projet de révision de la Constitution dont le référendum est fixé pour le 1er novembre prochain. Le parti de Soufiane Djilali appelle d'emblée à «une rupture psychologique» avec «le retrait définitif du sigle du FLN de la scène politique». «Ce sigle appartient à la nation et à la mémoire collective. Il est cité tant dans le préambule de la Constitution que dans l'hymne national», précise ce parti qui affiche sa préférence pour un «régime semi-présidentiel». Pour cette formation, le choix de la nature du régime politique doit obéir à des conditions socio-historiques. Et il se trouve que les conditions socio-historiques de l'Algérie ne sont assurément pas que celles du Royaume-Uni qui dispose d'un régime parlementaire ou des Etats-Unis d'Amérique qui ont un système présidentiel. «L'Algérie, de par son histoire ancienne, ses structures anthropologiques et surtout de par son passé récent, ne pourrait fonctionner selon un modèle parlementaire. Non pas que les Algériens seraient moins démocrates, mais tout simplement parce que le parlementarisme n'émane pas de notre culture. Le parlementarisme a été d'abord l'expression de la démocratie dans des Etats monarchiques», explique Jil Jadid qui refuse ainsi le mimétisme aveugle. Ainsi, pour ce parti, le régime présidentiel de type américain n'est pas le mieux indiqué pour notre pays. «Il est donc inutile de bouleverser le schéma auquel s'est habitué le peuple algérien. Le régime semi-présidentiel est celui qui semble le mieux adapté à son tempérament. Il est naturel pour lui qu'un homme puisse représenter la nation. Notre culture nous prédispose à déléguer notre confiance à un homme qui représente le peuple. Cependant, il faut introduire des contre-pouvoirs sérieux à l'institution présidentielle et libérer par ailleurs des marges de pouvoir au profit d'autres institutions», souligne Jil Jadid pour qui «il serait imprudent de laisser le loisir à un homme, quel qu'il soit, d'user de tous les pouvoirs qui lui sont conférés par l'actuelle Constitution amendée en 2016». Pour garantir l'équilibre des pouvoirs, Jil Jadid estime que le président de la République, élu par le peuple, doit être «le garant du fonctionnement normal des institutions de la République». Comme il doit pouvoir engager les réformes de fond et sur le long terme et conduire la politique extérieure. En raison de cette lourde charge, Jil Jadid considère impératif qu'il y ait un chef de gouvernement, lui-même responsable face au Parlement, pour gérer l'Exécutif. Le parti de Soufiane Djilali est contre le poste de Vice-Président proposé dans la première mouture soumise à l'appréciation des partis et de la société civile. «Un Exécutif à deux pôles (Présidence et Chefferie du gouvernement) répond à des impératifs et à une logique politique. Tensions inutiles Par contre, «un troisième pôle (Vice-Président), pourrait créer des tensions inutiles et des empiètements de prérogatives entraînant plus de confusion que de solutions», estime cette formation qui plaide pour que le Parlement retrouve toute sa crédibilité pour assumer pleinement ses fonctions, à travers des élections libres et transparentes. «Les élus parlementaires doivent avoir le droit de saisine pour amorcer la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles en cas de suspicion de vacance du pouvoir», assure Jil Jadid qui évoque dans ce sillage la justice qui «devra être libérée et en même temps protégée contre toute intrusion politique et contre toute déviance interne, son indépendance ne signifiant aucunement sa ‘‘privatisation''». La Cour constitutionnelle doit pouvoir saisir le Haut Conseil de Sécurité ainsi que la Haute Cour de justice en cas de non-observance de la Constitution par le président de la République. Une procédure en déchéance du président de la République devrait pouvoir être enclenchée de concert entre ces trois institutions en cas de maladie invalidante ou de conduite pouvant remettre en cause la paix civile ou l'unité du pays. S'agissant du pouvoir judiciaire, Jil Jadid estime que la séparation entre l'Exécutif (ministère de la Justice) et le Conseil Supérieur de la Magistrature est un premier pas vers un meilleur équilibre des pouvoirs. Mais il devra être renforcé par d'autres mesures à l'avenir. Evoquant le pouvoir sécuritaire devenu une réalité dans le monde d'aujourd'hui, le parti de Soufiane Djilali suggère ainsi que la future Constitution «réserve des pouvoirs institutionnalisés renforcés à un Haut Conseil de Sécurité dont la composante et les prérogatives seraient formellement explicitées dans la Constitution, avec des hommes de carrière, de compétence et de sagesse». Jil Jadid reste convaincu que «la réussite des réformes dépendra plus d'un esprit à insuffler à la nation qu'à des changements de la lettre de la Constitution ou de celle des autres lois».