Se sentant pousser des ailes à la suite de la reconnaissance par l'administration sortante américaine de Donald Trump de la prétendue marocanité du Sahara occidental, le royaume du Maroc a misé sur ce joker (poker menteur) pour tenter de peser sur l'évolution du dossier, pensant que la conjoncture lui est aujourd'hui plus que jamais favorable pour imposer le fait accompli colonial. Un geste dont la propagande du makhzen use et abuse sans modération à travers ses relais médiatiques et ses lobbies, qui jouent allégrement la carte de l'ouverture, de la tolérance et du vivre-ensemble du Maroc qu'il s'évertue à vendre en valorisant la normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël . Le silence observé par les grandes puissances suite au coup de force de l'armée royale au niveau du passage de la zone tampon de Guerguerat, l'attitude complaisante adoptée par les capitales occidentales face aux actes de violation du droit international par les quelques pays africains et les monarchies du Golfe, qui ont ouvert des représentations consulaires à El Ayoun, ont été perçus par Rabat comme des signes d'un basculement des membres du Conseil de sécurité en faveur de la thèse de l'occupation marocaine et de son marché de dupes de l'option de l'autonomie. L'erreur stratégique du Maroc est d'avoir misé sur un mauvais cheval : le milliardaire de l'immobilier Donald Trump, lequel est entré par effraction dans la politique, qu'il a quittée, par ailleurs, par la petite porte, à l'issue d'un mandat présidentiel controversé au plan tant interne qu'international Le rêve américain pour le Maroc aura été des plus éphémères. Après avoir pavoisé sur le «soutien historique de la première puissance mondiale» à son entreprise expansionniste, il vient d'être rattrapé brutalement par la réalité et le droit international que lui a opposé, sans équivoque, le Conseil de sécurité de l'Onu ce lundi en réitérant l'attachement de l'instance onusienne «au dialogue sur la base des résolutions pertinentes de l'Organisation des Nations unies«. Comme à son habitude, le Maroc s'est employé, avec l'énergie du désespoir, après le camouflet essuyé lundi au Conseil de sécurité, à faire dans la désinformation pathétique, une lecture tendancieuse du débat qui a eu lieu entre ses membres. La diplomatie marocaine a tenté, en effet, dans un geste contorsionniste dont elle a le secret, de s'engouffrer dans l'appel du Conseil de sécurité adressé aux parties en conflit à respecter le cessez-le-feu, en l'interprétant comme une condamnation en règle du Polisario auquel serait imputé, dans l'entendement du makhzen, la responsabilité de la reprise de la guerre. Le Maroc n'a jamais montré une quelconque disponibilité à contribuer à la recherche d'une solution pacifique au conflit du Sahara occidental conforme au droit international sous les auspices des Nations unies. Depuis le début du conflit, voilà près d'un demi-siècle, il a toujours privilégié le recours aux manœuvres dilatoires, à la force, en misant sur le temps, l'usure de la guerre et l'improbable retournement de l'opinion sahraouie, voire même les trahisons et les liaisons dangereuses, comme la normalisation scellée avec Israël. Le réveil n'en sera que brutal. Ni le soutien folklorique et évanescent de Donald Trump, ni les pétrodollars des monarchies du Golfe injectés dans les infrastructures réalisées dans le Sahara occupé pour favoriser le pillage des ressources naturelles de ce territoire colonisé, ni encore la lune de miel avec Israël qui scelle le bradage de la cause palestinienne ne pourront changer le cours de l'histoire des luttes des peuples pour leur liberté et leur indépendance. Advertisements