Smaïl Goumeziane n'est plus. L'ancien ministre du Commerce dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche est décédé, mardi à Paris, à l'âge de 75 ans suite à une crise cardiaque. Brillant économiste, l'homme a eu une carrière étoffée. Avant d'intégrer le gouvernement dit réformiste sous la houlette de l'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche (1989-1991), Smaïl Goumeziane a occupé plusieurs postes de responsabilité au niveau de l'administration algérienne, notamment au ministère des Industries légères. Il avait aussi assuré la direction générale de deux entreprises nationales de l'agroalimentaire, avant d'être nommé secrétaire général du ministère de l'Industrie lourde. Il fut également l'un des professeurs d'économie les plus reconnus à l'université d'Alger. Installé en France depuis le début des années 1990, l'homme a exercé en tant que professeur et maître de conférences à l'université Paris Dauphine, où il a enseigné l'économie du développement et les relations internationales et dirigé plusieurs thèses. Il était aussi professeur associé à l'Institut supérieur de management (ISM) de Dakar-Sénégal. Smaïl Goumeziane s'est illustré également par ses analyses sur la situation économique et politique du pays. Fidèle à son engagement pour de véritables réformes démocratiques en Algérie, l'homme n'a pas cessé, tout au long de sa vie, de rappeler les tares du système politique algérien. Il a livré à plusieurs reprises son témoignage sur l'interruption des réformes engagées par le gouvernement Hamrouche. «On est, en principe, rarement ministre à vie. Ce qui était important, en ce soir du 4 juin 1991, c'était le sort réservé aux réformes démocratiques. On sait ce qu'il en est advenu. Je n'ai pas tout de suite songé à partir à l'étranger. Jusqu'à décembre 1991, je me suis engagé comme candidat dans le processus des législatives. Suite à son interruption en janvier 1992, j'ai jugé plus utile de me consacrer à des travaux de recherche universitaire sur l'évolution de l'économie algérienne depuis 1962», avait-il déclaré dans un entretien accordé, en 2005, à El Watan. Il est connu aussi pour son patriotisme irréprochable. «Il était un exemple de patriotisme», affirme l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer. Ce dernier parle d'un «honnête homme, exemple de patriotisme et de l'apport des émigrés, que certains traitent de harkis, au pays». «Smaïl Goumeziane a prouvé qu'un émigré pouvait revenir au pays, gérer un grand ministère, faire du bon, sans prendre un centime», précise-t-il. Le professeur a édité plusieurs ouvrages, dont L'Algérie et le nouveau siècle (EDIF2000 et Non Lieu, Alger et Paris 2013), Algérie, l'histoire en héritage (EDIF2000 et Non Lieu, Alger et Paris 2011), Ibn Khaldoun, un génie maghrébin (EDIF2000 et Non Lieu, Alger et Paris 2006), La tiers mondialisation (Charles Corlet, Paris 2005) et Fils de Novembre, témoignage à l'occasion du cinquantenaire de Novembre 1954 (EDIF2000 et Paris-Méditerranée, Alger 2004). Son dernier livre a été publié en 2016 sous le titre L'Islam n'est pas coupable. Advertisements