Les rapports peu élogieux sur la situation des droits de l'homme en Algérie établis par les différentes organisations internationales chargées de la défense des droits humains sont accueillis avec une placidité politique désarmante par les dirigeants algériens. D'où le pouvoir en place tient-il donc cette assurance, réelle ou feinte ? Ni les banderilles du Parlement européen, ni les remontées de bretelles de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, encore moins le carton rouge du Département d'Etat américain n'ont réussi à l'ébranler, à le pousser à s'amender. Face aux récriminations internationales, la diplomatie algérienne tente de naviguer entre les eaux tumultueuses, en ripostant avec fermeté aux accusations des uns, et en s'enfonçant la tête dans le sable lorsque la pression émane d'Etats et d'organisations internationales contre lesquels il n'est pas dans l'intérêt du pouvoir d'entrer en situation d'adversité. A l'offensive observée par la diplomatie algérienne face aux critiques du récent rapport des parlementaires européens sur la situation des droits de l'homme en Algérie s'est substitué un étrange silence devant les accablantes dénonciations de la Commission des droits de l'homme de l'Onu ainsi que du Département d'Etat US. Dans ce jeu d'escrime à distance, à fleurets mouchetés, le pouvoir fait semblant de dénoncer les ingérences extérieures pour asseoir son projet de construction d'un front intérieur, tout en multipliant, par ailleurs, paradoxalement les déclarations lénifiantes rappelant l'excellence des liens politiques avec ces mêmes Etats étrangers que l'on fustige. De la même manière, les condamnations et les cris d'orfraie émanant de l'étranger, qu'ils proviennent des Etats ou des organisations internationales, se révèlent de nul effet, car n'ayant pas un caractère contraignant opposable aux Etats. Et là où le grand capital passe, l'expérience a démontré que rien ne pousse ! Entre le soutien franc et inconditionnel à un vent de liberté qui souffle dans des pays engagés dans des mouvements de changement démocratique et celui accordé à un pouvoir qui est loin d'être un modèle de démocratie et de respect des droits de l'homme, le choix est facile à faire pour les grandes puissances quand on nourrit des ambitions hégémoniques, ainsi que pour des organisations internationales qui ont perdu leur âme dès lors qu'elles se sont mises au service de ces maîtres du monde . Ceci est d'autant plus vrai qu'il est difficile aujourd'hui de faire condamner par la communauté internationale même les dictatures les plus sanglantes dans le monde, à l'instar de ce qui se passe en Birmanie. Les slogans clamés par les manifestants du hirak ciblant la France suspectée de connivence avec le pouvoir ou encore par les ressortissants de la diaspora algérienne criant devant le portail du siège de la Commission des droits de l'homme de l'ONU de Genève «Onu complice !», pour dénoncer le silence de l'instance onusienne face aux violations des libertés en Algérie prennent tout leur sens. Cela confirme la conviction largement partagée au sein du mouvement populaire que le changement ne viendra que des Algériens. Advertisements