Le verdict est tombé hier en début de matinée. Le juge près le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger a condamné la journaliste de Radio M, Kenza Khattou, à trois mois de prison avec sursis et 20 000 DA d'amende. Acquittée des chefs d'accusation d'«atteinte à l'unité nationale» et d'«incitation à attroupement non armé», la journaliste a été condamnée pour «atteinte à corps constitué». Kenza Khattou, rappelons-le, a été interpellée à Alger, le vendredi 14 mai dernier, alors qu'elle couvrait la marche réprimée du hirak. Elle avait été maintenue en garde à vue pendant cinq jours avant d'être présentée devant la justice. Son procès s'est tenu le 25 mai dernier au tribunal de Sidi M'hamed, et le procureur de la République avait requis 1 an de prison ferme à son encontre. Hier encore, la corporation a appris aussi le placement sous contrôle judiciaire du journaliste du quotidien régional Le Provincial, Mustapha Bendjama. Ce dernier a été poursuivi pour «diffamation» et «atteinte à l'intérêt national», suite à une plainte du wali de Annaba. «La juge d'instruction vient de me placer sous contrôle judiciaire suite à une plainte de l'actuel wali de Annaba, Djamel Eddine Berrimi, qui me reproche d'avoir révélé la tenue d'un mariage à la salle Tassili pendant le début de la crise sanitaire, alors que la loi algérienne interdisait la célébration des mariages. Je suis poursuivi pour ''diffamation'' et ''atteinte à l'intérêt national''. M. Berrimi m'a pourtant promis qu'il allait retirer ''les plaintes'' qu'il avait déposées contre moi. Hélas, une promesse n'engage que celui qui y croit», avait expliqué le journaliste dans un post sur sa page Facebook. Et d'ajouter : «Ceux qui n'ont pas respecté les lois de la République en organisant le mariage s'en tirent bien, sans aucune poursuite connue.» Mustapha Bendjama affirme aussi qu'on lui a reproché d'intervenir sur la chaîne El Hadath à propos de cette même affaire et d'avoir pris part à un rassemblement de soutien au journaliste Khaled Drareni. «La juge m'a reproché d'avoir participé à un sit-in de soutien à Khaled et d'avoir porté une pancarte portant le message : ''Libérez Khaled Drareni''. Madame la juge a estimé que c'était ''une tentative d'influencer la justice''», ajoute-t-il. Depuis quelques mois, rappelons-le, les pressions contre la presse et les journalistes ne font que s'exacerber. Certains ont même été mis derrière les barreaux pour leurs écrits, à l'image du correspondant du quotidien Liberté dans la wilaya de Tamanrasset, Rabah Karèche, qui est en détention depuis 45 jours. Advertisements