Arrêté le 7 mars à Alger au moment où il couvrait une manifestation populaire, le journaliste Khaled Drareni est placé d'abord sous contrôle judiciaire, avant d'être placé en détention provisoire. Il est poursuivi pour « incitation à attroupement non armé », et « atteinte à l'unité nationale ». Lors de son procès hier lundi, le procureur a demandé une lourde peine de 4 ans de prison à son encontre. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le procès tant attendu de Khaled Drareni a été entamé, par visioconférence, dans l'après-midi d'hier lundi, quelques minutes après 14h, au tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger. À partir de la prison de Koléa où il est incarcéré, le journaliste apparaît sûr de lui, malgré quelques signes d'affaiblissement. Les deux autres coaccusés, à savoir Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, arrêtés à la même date et poursuivis pour les mêmes chefs d'inculpation, ont assisté à leur procès, eux qui ont bénéficié de la liberté provisoire dans le sillage de la célébration du 5 Juillet dernier. Un collectif de défense de près de 40 avocats a fait le déplacement au tribunal pour assurer la défense des trois accusés. Dans sa réponse à la juge qui l'interrogeait, Khaled Drareni s'est défendu contre les accusations, affirmant qu'il ne rapportait que les informations concernant les slogans des manifestants et qu'il n'exerçait que son droit citoyen lorsqu'il s'agit de donner son avis « sans insulte ni diffamation. Je ne choisis pas les slogans, je les rapporte », a-t-il répondu à une question sur des phrases trouvées dans sa page Facebook. Khaled Drareni a expliqué qu'il faisait son travail de journaliste libre et indépendant, soulignant avoir couvert toutes les manifestations populaires, y compris celles favorables au pouvoir. « Vous avez écrit que ce système ne veut pas changer » ?, poursuit la juge. Et au journaliste de répondre : « C'est un avis personnel exprimé en tant que citoyen. Il ne comporte ni insulte, ni diffamation, ni atteinte à l'unité nationale .Dommage que je ne suis pas un journaliste de France 24 », a-t-il lancé à la juge, en allusion à l'affaire des deux correspondants de cette chaîne libérés moins de 24 heures après leur détention. L'arrestation de Khaled Drareni avait suscité l'indignation générale des journalistes et des organisations de défense des droits de l'Homme, dénonçant une grave atteinte à la liberté de la presse, surtout que Khaled Drareni a été arrêté en pleine manifestation populaire qu'il couvrait à Alger. Il a été arrêté un samedi 7 mars et placé en garde à vue dans un commissariat de police pendant trois jours, avant sa présentation devant le tribunal de Sidi-M'hamed, le 10 mars. Fondateur du journal électronique Casbah Tribune, il est placé sous contrôle judiciaire. Mais à la surprise générale, la cour d'Alger ordonnera son placement sous mandat de dépôt à l'issue du procès en appel tenu le 25 mars dernier et qualifié de « scandaleux » par les avocats de la défense. Contre toute attente, le procureur de la République a requis une lourde peine de 4 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA contre chacun des trois prévenus. Hier, en fin de journée, les plaidoiries des avocats se poursuivaient. Ces derniers ont demandé la relaxe pour les trois prévenus. K. A.