La manœuvre marocaine visant à créer des problèmes au président sahraoui, Brahim Ghali, avec la justice espagnole a fait long feu. Le leader du Front Polisario a été entendu suite à une plainte d'un ressortissant espagnol d'origine sahraouie, très lié aux services marocains, l'accusant de «torture». Le président Ghali, qui se trouve en Espagne pour des soins liés à la Covid-19, a été entendu par un juge espagnol par visioconférence. Il a dû répondre à d'autres accusations fantaisistes d'une femme sahraouie et également prise en charge par les policiers de Rabat. Dans les deux cas, le juge a estimé que les accusations sont sans fondement et que, par conséquent, il n'y a pas lieu de poursuites. Le président sahraoui peut donc poursuivre normalement son traitement dans l'hôpital espagnol. Il faut dire qu'il a fait preuve d'un courage et d'un calme extraordinaires devant une telle provocation. Sûr de son droit, il avait décidé d'affronter jusqu'au bout l'adversité et ne pas quitter l'Espagne. L'échec de Rabat était dans l'air. Il a déjà tenté d'actionner la justice espagnole il y a de cela quelques mois, mais sa démarche n'a pas abouti. Mais depuis que Trump a annoncé que les Etats-Unis ont décidé d'ouvrir un consulat à El Ayoun et, en échange, nouer officiellement des relations diplomatiques avec Israël, Rabat s'est senti pousser des ailes, grisé par l'appui du fasciste américain, il a cru qu'il pouvait agir en toute impunité et que, de ce fait, il était libre de ne pas se conformer aux lois internationales. Il pensait que lui aussi pouvait désormais bénéficier du parapluie américain à l'instar d'Israël, un privilège que Washington n'accorde à aucun autre pays. Pour cette raison, les Marocains ont tenté un coup de poker. Ils ont lancé sur l'enclave espagnole de Ceuta 8000 malheureux chômeurs, dont 2000 mineurs. Une véritable invasion sous supervision de la police. Un acte que les autorités espagnoles ont considéré comme une provocation et une atteinte à leur sécurité nationale. Pour leur malheur, les dirigeants de Rabat ont vu tous les pays de l'Union européenne prendre fait et cause pour l'Espagne, y compris la France qui était jusque-là le protecteur déclaré du royaume chérifien. Le monde entier a pu voir en direct des hordes de malheureux bravant la mort dans l'espoir d'accéder à une vie meilleure. Le roi s'est dénudé. L'image du Maroc, paradis des touristes à la recherche d'exotisme et de sensations fortes, a volé en éclats. Le royaume a exhibé ce qu'il a toujours voulu cacher : la grande misère qui frappe les citoyens, à l'image de tous les pays du tiers-monde. Le Maroc a surtout perdu de sa crédibilité suite à l'échange honteux imposé par Donald Trump, un échange qu'avaient dénoncé à l'époque, et violemment, les ministres des Affaires étrangères d'Allemagne et d'Espagne, ces deux pays condamnant sans réserve l'opération. Et surtout, une opération faite en violation des sentiments du peuple marocain qui, malgré la pauvreté, n'accepte pas qu'on piétine sa dignité pour la survie d'un trône. Advertisements