Même si son nom rappelle toujours les moments de misère dans certaines régions du pays, la graine de caroube reste tout de même un aliment riche et source d'enrichissement pour de multiples raisons : socioéconomiques mais surtout écologiques. Néanmoins, au moment où les producteurs de la filière des viandes (rouge et blanche) se plaignent de la cherté de l'aliment importé, les alternatives à portée de main telles que la culture de caroubier n'est toujours pas à l'ordre du jour. La culture du caroubier, cet arbre aux multiples vertus, demeure négligée en Algérie. A l'ère où les diététiciens appellent à l'adoption d'une alimentation saine et équilibrée, la graine de caroube est très peu valorisée sur son propre terrain. «Le caroubier en Algérie reste très négligé et n'a pas encore eu la place qu'il mérite dans les programmes de reboisement, et ce, malgré les retombées socio-économiques que cette plante peut avoir à l'échelle nationale et surtout régionale», lit-on dans le mémoire de master en sciences de l'alimentation qui s'intitule : «Le caroubier en Algérie, valorisation et perspective, (2019-2020)», mené par Zegueur Amira, Bissar Manel, de l'université de M'sila. En dépit de son vaste territoire et ses capacités, l'Algérie est à la traîne parmi les pays méditerranéens producteurs de caroube, loin derrière l'Espagne, le Maroc, l'Italie et d'autres pays. Actuellement, les rares cultivateurs de cet arbre le font pour des fins d'exportation. Au-delà des revenus en devise que la culture du caroubier peut générer, celle-ci reste une solution écologique par excellence en ces temps de stress hydrique. En effet, la culture du caroubier peut répondre à deux problématiques majeures : la sécheresse et la salinité des sols. Deux conséquences du changement climatique dont souffre l'Algérie actuellement. Arbre rustique, s'adaptant facilement aux contraintes de l'environnement, le caroubier peut être utilisé pour le reboisement des zones affectées par l'érosion et la désertification. C'est un arbre pérenne à feuilles persistantes. Il croît bien dans les régions tempérées et subtropicales et tolère les zones côtières chaudes et humides. C'est une espèce qui résiste très bien à la sécheresse, selon l'étude précitée. Cet arbre pousse et croît sur des sols calcaires. La racine principale est ramifiée en plusieurs racines latérales ou secondaires de grande longitude et avec une tendance à être superficielles, en particulier sur les sols compacts ou peu profonds. Quant aux racines latérales, celles-ci sont très ramifiées et avec de nombreux poils absorbants qui sont capables de s'étendre sur une longueur de 30 à 40 m, poursuivent les auteurs de cette étude. Cette spécificité lui permet de fixer vigoureusement l'arbre dans le sol. Ces racines permettent au caroubier l'absorption de l'humidité et des éléments nutritifs sur une grande surface de terrain, notamment sur les couches les plus profondes du sol. Car sur ces couches, les niveaux de fertilité, d'aération et de matière organique sont plus élevés, indiquent-ils. C'est pourquoi, cet arbre peut croître sur un terrain rocailleux avec des sols peu profonds et même dans des conditions arides. Une autre caractéristique, relevée dans cette étude, demeure la grande tolérance du caroubier à la salinité, occupant la première place avec une tolérance de 2 g/l de NaCl devançant entre autres arbres connus pour leur tolérance à salinité, tels que le palmier dattier, le pistachier et l'olivier. «Ceci démontre que le caroubier peut jouer un rôle très important dans les zones salines, qui arrivent de jour en jour à gagner des terrains considérables, notamment dans le nord-ouest de l'Algérie et particulièrement dans la région de Relizane», lit-on dans l'étude précitée. Djedjiga Rahmani Advertisements