Un énorme élan de solidarité s'est rapidement manifesté à la suite de la publication dans notre édition d'hier d'un article en dernière page sur les difficultés financières que connaît le quotidien El Watan à cause de l'embargo sur la publicité auquel le soumettent les pouvoirs publics depuis plusieurs mois. Nous remercions chaleureusement toutes celles et tous ceux qui nous ont manifesté leur soutien sur les réseaux sociaux ou de vive voix en Algérie et à l'étranger. Nul doute que la liberté de ton d'El Watan et son indépendance dérangent au plus haut point. Nous sommes tentés de répondre : «Nous n'y sommes pour rien.» Il y a des dispositions constitutionnelles qui donnent droit à un journal indépendant comme El Watan d'exister et surtout d'être critique. La création d'El Watan est d'ailleurs venue dans le sillage de l'ouverture au pluralisme politique en février 1989. Les membres fondateurs du journal se sont résolument engouffrés dans ce qui est communément appelé «l'aventure intellectuelle» pour soutenir cette ouverture extraordinaire et inattendue à l'époque de l'expression plurielle et diversifiée. Pari risqué, mais pari gagné ! La notoriété du quotidien El Watan à l'échelle nationale et internationale constitue aujourd'hui une fierté, non pas pour nous uniquement qui sommes les fondateurs, mais pour l'Algérie. Concevoir qu'un jour ce joyau de la presse nationale puisse totalement disparaître dans l'indifférence la plus totale du pouvoir en place est intolérable. D'autant que la décision de priver El Watan de la publicité publique est une injustice flagrante en vertu de la Loi fondamentale et des lois qui régissent le commerce du pays. Les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité pleine et entière dans le fait de reproduire les mêmes pratiques que l'ancienne maffia incarnée par Saïd Bouteflika (aujourd'hui en prison) et l'ancien ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb (en fuite au Liban), en accordant des pages publicitaires à des SARL qui n'emploient pas plus de dix personnes et privant des sociétés de presse qui ont plus de 100 ou même 200 employés. Des journaux qui ont un tirage presque nul de 3000 exemplaires surpassent ceux qui dépassent allégrement les 60 000 exemplaires par jour. Et ils sont nombreux aujourd'hui qui peuvent se targuer de s'être enrichis à moindre frais. Il est impossible que ce système insensé et détestable puisse perdurer. D'autant que le pays, en butte à des pressions et même à des menaces à peine voilées à ses frontières, a besoin de présenter une meilleure image et beaucoup de crédibilité aux yeux des principaux partenaires étrangers qui considèrent l'Algérie comme un pays pivot en Afrique du Nord. L'Etat algérien a mis fin au monopole sur des secteurs hautement stratégiques, comme les hydrocarbures et les mines, mais il a maintenu le monopole sur la publicité publique se mettant ainsi en porte-à-faux avec les lois de la République. Une erreur que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et le gouvernement peuvent rapidement corriger. L'argent du contribuable sera ainsi mieux utilisé et en toute transparence. Rappelons que la SPA El Watan a consenti depuis sa création plus de trois milliards de dinars en investissements, notamment à travers la création de trois imprimeries en partenariat avec la SPA El Khabar avec en parallèle un réseau de distribution à travers le pays, ainsi que la construction d'un bâtiment à Alger qui sera, espérons-le, le futur siège du journal. Advertisements