L'une des raisons majeures de l'échec de la stratégie nationale de lutte contre la Covid-19 réside dans le fait que l'on a tout focalisé sur l'aspect curatif, les soins en milieu hospitalier. On a négligé tout le travail préventif qui devrait se faire en amont pour une meilleure connaissance de la carte épidémiologie nationale afin de mieux cibler les actions à entreprendre sur le terrain. C'est dans cette perspective qu'avait été décidée, précisément, en juin 2020, la mise en place d'une «cellule nationale chargée des investigations et du suivi des enquêtes épidémiologiques», avec à sa tête l'éminent épidémiologiste, le Professeur Mohamed Belhocine. L'enjeu consistait à dépister précocement, tracer et isoler les cas contaminés, ainsi que les sujets contacts, pour circonscrire les foyers de contamination et éviter la propagation du virus. Plus d'une année après son installation, force est de reconnaître que cette structure censée traquer le virus dans ses derniers retranchements, à la source de la contamination, en vue de briser la chaîne de transmission, n'a pas beaucoup fait parler d'elle sur le terrain. Où sont les enquêtes épidémiologiques promises ? Les clusters sont-ils identifiés et les décisions prises à temps pour éviter la propagation du virus ? Les opérations de dépistage, de traçage, d'isolement et de suivi des cas confirmés et des sujets contacts sont-elles menées rigoureusement et avec la célérité requise ? Si c'était le cas, on l'aurait su, cela se serait reflété dans le bilan de la lutte contre la pandémie, qui frôle, avec cette troisième vague foudroyante, la catastrophe sanitaire ainsi qu'une augmentation inquiétante des contaminations et de décès causés par le manque d'oxygène dans les structures hospitalières. La question mérite d'être posée : pourquoi en sommes-nous là, aujourd'hui, à constater, impuissants, les dégâts, alors que le système de santé paraît être suffisamment outillé pour prévenir et prendre en charge les malades dans de meilleures conditions ? L'heure d'un bilan d'étape s'impose, pour évaluer le travail des différentes structures opérationnelles chargées de la lutte contre la pandémie : la commission nationale de suivi et de lutte contre la Covid-19, la cellule chargée des enquêtes épidémiologiques, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire, lesquelles sont censées être le bras armé dans la réflexion, les recommandations et la lutte sur le terrain contre la pandémie. Leur absence au plan de la communication, leur manque de visibilité sur le front de la lutte contre la pandémie sont le signe patent que la machine est grippée. Manque de moyens logistiques ? Interférence de la tutelle dans le travail de ces structures ? Le fait que les responsables de ces commissions, qui sont vivement interpellés par la gravité de la situation sanitaire, ne se soient pas sentis devoir s'expliquer devant l'opinion ne signifie pas que tout baigne dans l'huile. Chez nous, il est connu que quand on est nommé par décret, on se soumet ou on se démet, il n'y a pas de place pour la contestation des politiques publiques. Sans indépendance véritable aux plans de la réflexion et de l'action, ces commissions, comme toutes les cellules prétendument de crise, du genre, sont vouées à n'être que des coquilles vides. Advertisements