Les priorités du gouvernement concernant le secteur de l'information excluent le segment vital et objet de vive polémique que constitue l'indispensable refonte du cadre législatif régissant la publicite. Simple effet d'annonce, l'engagement pris sous le précédent gouvernement de Abdelaziz Djerad de mettre de l'ordre dans ce secteur à la suite du scandale qui avait éclaboussé l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep) mise en cause pour sa gestion clientéliste de la manne publicitaire, se confirme avec la mise sous l'éteignoir du dossier par le nouveau gouvernement, qui ne le considère pas, lui non plus, comme étant une priorité du secteur de la communication. Pour absorber le choc suscité par ce scandale auprès de l'opinion qui découvre, révoltée par les pratiques mafieuses mises au jour par l'ancien responsable de cette entreprise dans la gestion de la publicité, le ministre de la Communication, Amar Belhimer, était monté au créneau pour annoncer des mesures urgentes de redressement et d'assainissement du secteur de la publicité à travers la mise en place d'un nouveau cadre juridique approprié codifiant les nouvelles règles de gestion du portefeuille publicitaire sous la forme d'une loi sur la publicité. Comme gage de bonne volonté du nouveau pouvoir de purger ce dossier et pour parer à l'urgence visant à mettre fin à la gabegie de la gestion des deniers publics, et ce, à titre transitoire, en attendant la mise en œuvre du nouveau cadre législatif, la décision avait été prise de définir une quinzaine de critères exigibles des supports de la presse pour prétendre à la publicité. Pour la première fois, celui de l'audience et du niveau du tirage de la presse écrite et des autres moyens d'information est officiellement reconnu comme étant un des prérequis indispensables à satisfaire pour être éligible en tant que partenaire aux nouvelles relations voulues contractualisées de la gestion de la publicité. La mise en œuvre de ce nouveau cahier des charges avait été annoncée pour janvier 2021. Les gouvernements se succèdent et le dossier est toujours sous le boisseau. Les engagements pris par les pouvoirs publics en vue de normaliser les relations entre cette institution et ses partenaires sont renvoyés aux calendes grecques. La publicité continue toujours d'être octroyée à la tête du client, arrosant des titres et excluant d'autres. Se pose alors la question de savoir pourquoi les autorités se montrent aussi réfractaires à ouvrir ce dossier qui a été reconnu officiellement comme étant une niche de corruption institutionnelle dont les conséquences pour le Trésor public ont été dûment documentées et évaluées à coups de milliards ? Sous le règne de Bouteflika, on osait au moins une explication en bottant en touche pour dire, sans craindre le ridicule, que les annonceurs sont souverains dans leur choix des supports de presse tout en assumant, par ailleurs, la responsabilité du boycott des titres qualifiés de «cercles non vertueux». Le nouveau pouvoir a opté pour la stratégie du silence et du statu quo. Adopté par le Conseil des ministres la semaine dernière, le projet de loi sur la presse, qui devra être soumis prochainement au Parlement, s'est borné à peine à effleurer le sujet de la publicité, en évoquant la question de la limitation de la surface occupée par la publicité par rapport à la surface rédactionnelle tout en restant muet sur la grande problématique du chantage politique à la publicité pour contrôler et domestiquer les lignes éditoriales de la presse. Advertisements