Les hommages au jeune Djamel Bensmail, assassiné à Larbaâ Nath Irathen, continuent dans les quatre coins du pays, y compris en Kabylie. Désormais, à Béjaïa, l'effigie du défunt trône sur un mur en bois d'un kiosque sur la place du 1er Novembre, ex-Gueydon, et fait face au port de la ville et à la grande bleue. À l'initiative d'un collectif (El Faress), un groupe de jeunes citoyens s'est mobilisé pour peindre le portrait de Djamel avec le drapeau national posé sur l'épaule. Affectés par l'ignoble assassinat, Sofia, Atmane, Amina, Fayçal, Nadia, Abdenour, Camille, Lyes, Sofiane, les jeunes filles et garçons se sont cotisés pour s'acheter peinture et pinceaux et assister une jeune étudiante de l'Ecole des beaux-arts, Razika Aorir, à donner forme au tableau. C'est leur façon de perpétuer le souvenir du défunt et de rendre également hommage aux victimes des incendies de forêt qui viennent de ravager une semaine durant la Kabylie. C'est aussi leur façon de se «révolter» par l'art contre l'horrible assassinat du jeune artiste et appeler à la vie, à la beauté et à l'humanisme. «On veut se révolter à notre manière, notre arme c'est l'art, la musique, la joie, que nous utilisons pour dire que nous, Algériens, sommes unis et que Djamel est dans nos cœurs», a dit l'une des participantes. Une minute de silence a été observée en brandissant des pancartes dont celles qui réclament justice pour la mort de Djamel. Sur les mêmes lieux, on a écrit cette sagesse de Mouloud Mameri : «Quand trop de sécheresse brûle les cœurs, quand la faim tord trop d'entrailles, quand on rentre trop de larmes, quand on bâillonne trop de rêves, c'est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher. À la fin il suffit du bout de bois d'un esclave, pour faire, dans le ciel de Dieu, et dans le cœur des Hommes le plus énorme incendie.» En guise de signature qui sonne comme un serment d'une jeunesse éveillée et responsable, un message d'espoir est transcrit, sur les mêmes lieux, offert aux visiteurs de la place et rappelant que «La Kabylie renaîtra de ses cendres». Cette initiative artistique est la deuxième du genre du jeune et dynamique collectif baptisé du nom de Farès Nasri, un syndicaliste engagé et cofondateur du syndicat des travailleurs communaux de la wilaya de Béjaïa, décédé en été 2020. En juin dernier, le collectif s'est occupé de nettoyer la même place ainsi qu'un escalier urbain en haute ville à qui il a donné des couleurs. Advertisements