C'est la fin du monde et c'était mieux avant, c'est en gros ce que tout le monde dit sans préciser la période d'avant, années Chadli ou Boumediene, la France, l'Empire ottoman ou les Romains. Cette perception temporelle d'une inversion du progrès évidemment «voulue» est partagée y compris par des gens qui n'ont pas vécu les anciennes époques et qui les mythifient, soit par des cartes postales de la rue Didouche des années 50, 60 ou 70 avec nos femmes en jupe, soit par des affiches vantant Orangina, la Sonacome ou des vacances à Sidi Fredj. C'était mieux avant ? Au moins deux ans avant, à cette période où les prix étaient relativement normaux et les pénuries n'existaient pas vraiment. Là où l'on peut être d'accord avec les nostalgiques est qu'à Mila, chef-lieu d'une des 58 wilayas du pays, on a vu ces derniers jours des pères et mères de famille s'amasser devant une douche publique et faire la queue pour des livres scolaires. La douche bien sûr, c'est un local commercial destiné à vendre un service de douche pour ceux qui n'ont pas d'eau chez eux ou les gens qui sont de passage. Pourquoi des livres scolaires ? On ne sait pas vraiment, mais le ministre du Commerce va sûrement accuser la mafia de l'eau et du savon qui a fait alliance avec la mafia du livre. Ça marchait mieux avant ? Ce qui est sûr est que de mémoire de wali, il n'y a jamais eu un problème de livres scolaires et c'est la Nouvelle Algérie qui vient de la créer, générant ainsi une nouvelle économie à commerces multiples, acheter des livres dans une douche comme on achète de l'eau chez un libraire ou des stylos chez le boulanger. Mais pourquoi y a-t-il des pénuries ? C'est la grande question, à laquelle ont répondu le président de la République et le ministre du Commerce, ce sont les parasites et les spéculateurs qui en sont la cause. Ce qui ne règle pas la question qui en découle, pourquoi n'y a-t-il de spéculateurs qu'en Algérie ? Est-ce qu'ils sont arrivés ici il y a des milliers d'années et ne sont jamais repartis ? Advertisements