Si le nombre des candidats au bac 2005 était réellement de 574 564, le taux de réussite n'aurait pu dépasser les 23%. Le ministère de l'Education nationale n'est, apparemment, pas bon en calcul ! Car, dans le cas contraire, il aurait relevé les contradictions qui caractérisent les résultats du baccalauréat version 2005. Les chiffres rendus publics par le département dirigé par M. Benbouzid sont frappés, en effet, du sceau de l'inexactitude et de l'incohérence. Le nombre de candidats inscrits à cet examen, tel qu'annoncé par le ministère à la veille du déroulement de l'examen - qui a débuté le 11 juin 2005 - n'est pas le même que celui donné par le même département le jour de l'annonce des résultats. Avant l'examen, le nombre d'inscrits au baccalauréat est de 569 586 candidats. Le chiffre est du ministère. Il a été annoncé dans un communiqué rendu public le 8 juin et répercuté le même jour par l'agence officielle APS, puis repris par toute la presse nationale. La dépêche de l'APS, tombée sur le « fil » à 18h 03, fait état d'une diminution du nombre d'inscrits à cette session de 4978 candidats (-0,86%) par rapport à la session 2004 où le nombre de candidats était de 574 564. Dans la conférence de presse animée le 6 juillet au siège du ministère, à Alger, le chef du cabinet du ministère, Boubekeur Khaldi, en annonçant les résultats, a donné un chiffre sur le nombre de candidats inscrits à cette session 2005 différent de celui donné au départ. Il a parlé de 384 595 inscrits, dont 345 107 candidats ont passé les épreuves complètes, au lieu de 559 586. Où est donc passé plus d'un tiers des inscrits à cet examen ? Comment explique-t-on cet énorme écart ? S'agit-il d'une erreur ou d'une mauvaise manipulation des chiffres ? L'écart entre le premier et le second chiffres est considérable. Il est de 184 991 candidats. L'existence de deux chiffres différents quant au nombre de candidats remet logiquement en cause le taux de réussite donné par le ministère. Taux qui est de 37,29%. Ce qui représente 128 674 nouveaux bacheliers, soit une baisse de 5,23% par rapport à 2004 où on a enregistré un taux record de réussite de 42,52%. Le taux de 37,29% est calculé sur la base de 384 595 inscrits. Mais si l'on tient compte du premier chiffre, à savoir 569 586 candidats, le taux de réussite est bien inférieur à cela. Dans ce cas précis, il ne dépassera pas les 23%, soit presque 15% en moins par rapport au taux officiel donné par le cabinet du ministère. Le ministère a complètement ignoré « ses » premiers chiffres donnés pourtant en détail et publiés par le journal public El Moudjahid. A titre d'exemple, il est précisé dans le communiqué du ministère que le nombre des candidats de l'enseignement secondaire général est 523 645, alors que le nombre des candidats de l'enseignement technique est 45 941. Dans la note d'information du ministère sur les résultats du bac, il est mentionné qu'il y a 348 903 inscrits en enseignement général. Sont inscrits en enseignement technique 35 692 candidats, dont 33 711 ont passé les épreuves. Ce genre de détail fourni par le ministère écarte toute éventualité d'un fort taux d'absentéisme. Le nombre d'absents s'élève à 39 488 candidats, ce qui signifie un taux de 10,26%. Si l'on fait aussi la comparaison entre le nombre d'inscrits au bac 2005 et celui de 2004 ou encore de 2003, l'on constate que le chiffre de 569 586 est le plus logique et le plus raisonnable. En 2003, il y a eu 406 665 candidats. En 2004, il y a eu augmentation conséquente expliquée à l'époque par le ministère de l'Education. Le nombre de candidats, cette année-là, s'est élevé à 574 564. En 2005, il y a eu, en revanche, une baisse légère ramenant ainsi ce chiffre à 569 586 inscrits. Encore un autre point sombre. Le directeur de la formation graduée au ministère de l'Enseignement supérieur a indiqué, le 1er août dernier, que « 146 675 fiches de vœux ont été déposées sur un effectif de 149 806 nouveaux bacheliers, enregistrés au niveau national ». Le ministère de l'Education avait, pourtant, annoncé 128 674 candidats uniquement qui ont pu décrocher leur baccalauréat. Ainsi, entre le nombre de nouveaux bacheliers, annoncé par le ministère de l'Education, et celui dont dispose le ministère de l'Enseignement supérieur, il y a un écart de 21 132. Alors, quels sont les bons chiffres ? Les explications du ministère de l'Education nationale, inscrit aux abonnés absents, seront assurément les bienvenues.