« Bureaucratie-land vous souhaite la bienvenue », lance Espoir 06 sur l'espace de discussion virtuel Forum-DZ réagissant au récent décret exécutif annonçant l'interdiction d'ouvrir les cybercafés après minuit. « Une grave atteinte aux libertés individuelles », s'insurge Mourad. Le forum, d'après ses modérateurs, charrie les colères et les incompréhensions face à cette décision gouvernementale qui risque, selon Espoir 06, pseudonyme d'un jeune gérant de cybercafé, d'envoyer les internautes à l'asile psychiatrique. Il va plus loin : « Je suis fatigué avec toutes ces histoires. Actuellement, je pense vraiment arrêter avec ce cyber. » Boubaa 2001, gérant d'un cybercafé dans le Sud algérien, considère la décision comme une « grande gifle à la jeunesse algérienne ». « La journée, il fait très chaud et on ne se met au travail qu'à partir de 18h, en plus on est très loin des providers et on a bien payé pour avoir la ligne spécialisée ou pour le satnet... Cette loi, c'est catastrophique », écrit-il. « Les boîtes de nuit et les cabarets ouvrent de 14h à 6h, avec permission d'offrir aux clients de l'alcool. C'est le chiffre d'affaires des cabarets et boîtes de nuit qui a baissé à cause des cybercafés. Je connais un internaute qui a cessé de fréquenter les bars à cause des cybercafés. Autrement dit, le message de cette loi est : "Fermez ces cybercafés la nuit pour qu'on puisse récupérer notre clientèle" », analyse Algérien à 2h49. Djezzy, pseudonyme d'un gérant de cybercafé, propose de « modifier le registre du commerce en autorisation de débit de boissons alcoolisées (sans en vendre). Un bar high-tech avec connexion ADSL, j'aurais bien le droit d'ouvrir de 14h à 6h. Rien n'interdit de mettre un ordinateur connecté sur la table du client de mon bar ! ». Net-Tel, gérant de cybercafé, explique pour sa part : « Chez moi, il y a tous les jours des nuits blanches, donc je vais perdre plus de 50% de mes clients et plus de 70% de la recette. Alors imaginez ! Boudiaf, Dieu ait son âme, a dit "Où va l'Algérie ?". Moi je dirais plutôt "Où vont les cybercafés ?" » Webgarden rappelle le sens anglo-saxon de Cafe : « Communication Access For Everyone » - l'accès à la communication ouvert à tout le monde. Il propose sur le forum d'« écrire des lettres d'aide adressées à tout organisme, association, entreprise, quel que soit son secteur, à l'intérieur du bled ou à l'extérieur, il faut que les jeunes et même les plus vieux ne soient pas exclus de réagir à cette mesure ». Du coup, il dit se sentir mieux en « poussant la gueulante » sur le Net. Finduslandus ne voit pas de motifs à cette interdiction de l'après-minuit : « Les cybers sont les endroits les plus calmes de la ville. Jamais de tapage nocturne ! » « Une telle mesure causera la perte de 20 % de chiffre d'affaires au provider, car cela leur fait 6 à 8 heures de connexion en moins », souligne Djezzy. Think-Cyber propose de lancer une pétition nationale en attendant de créer une association de défense des intérêts des gérants de cybercafés. « L'Etat ne peut pas fermer 5000 cybers, sauf s'il y a des brebis », lance Algérien.