Nous pouvons maintenant dire que nous l'avons ressuscité, nous sommes fiers de ce travail », dira, visiblement content, Boumbar Ali, directeur général par intérim de Cnan Group, parlant du vraquier El Hadjar, et cela lors d'une visite guidée organisée, hier, à son bord. Elle a été effectuée quelques heures à peine après son accostage au port d'Alger. Le bateau, fleuron de la flotte de Cnan Group avec respectivement un port en lourd de 65 000 tonnes, charriait à l'origine du charbon qui lui a, signale-t-on, fait beaucoup de tort connaissant le caractère corrosif de cette matière. Selon les explications fournies par le commandant de bord, Djidel Brahim, El Hadjar est doté des plus récentes technologies, AIS et DGPS entre autres. Il a traversé des vicissitudes pendant ses vingt quatre ans de service en échouant au large de Skikda, avant d'être immobilisé pendant trois ans au port d'Annaba. Le vraquier a quitté, mardi au soir, le chantier naval Daewo Mangalia Heavy Industries, en Roumanie, après y avoir été « pratiquement remis à neuf », pour n'arriver qu'hier dans la matinée au large du port d'Alger. El Hadjar a, rappelle M. Boumbar, connu deux importantes réparations. La première effectuée au port d'Odisson, en Bulgarie, début mai 2004, pour tout ce qui a trait au volet sécurité. Dans un second temps, une masse de tôle de 3300 tonnes d'acier lui a été adjointe en Roumanie. « Le constructeur Daewo a été choisi suivant des critères de compétitivité », lâcha M. Boumbar. Avant d'ajouter : « Le coût global des opérations est de 9 millions 130 dollars. » Accostant, hier, en rade, pour le soutage et l'approvisionnement en vivres, El Hadjar a été obligé de vider son ballast eu égard au tirant faible du port d'Alger. Les ports d'Oran, de Djen Djen et celui de Annaba font exception en ce domaine. « Le coût sera amorti rapidement, et cela au bout de 12 à 18 moins. Nous tenons à remercier l'OAIC qui a répondu à l'appel et préféré le pavillon national. Il offre un plan de charge d'une année », affirma M. Boumbar. En effet, El Hadjar sera mis à exploitation et partira, au plus tard dimanche matin, à destination de Saint Laurent (Canada). Du blé tendre sera convoyé, par phases, pour le compte de l'OAIC. Le président-directeur général de la compagnie nationale s'est refusé à révéler le montant du marché, prétextant la concurrence rude qui marque ce marché « juteux » au niveau mondial. Pour finir, Cnan Group a été restructuré. Il a été démembré en plusieurs filiales. Pour l'exemple, la Cnan Bluk SPA, une filiale créée le 2 janvier 2005, assurera le transport de marchandises homogènes (agricole, matière première...) et exploitera des vraquiers comme El Hadjar. Il s'est, rappelle-ton, engagé depuis l'année 2002 « dans une politique de désinvestissement rationnel ». Le groupe a cédé vingt trois de ses anciens navires « dans le souci de réduire les charges importantes induites par les mobilisations récurrentes ».