Les banques françaises mettent la pression dans l'affaire relative au gel de la privatisation du CPA (Crédit populaire d'Algérie). En effet, des sources proches des milieux d'affaires parisiens ont fait savoir, hier, que cette décision a semé le trouble. Les milieux bancaires se sont interrogés à travers certains canaux médiatiques sur les raisons exactes et les bénéficiaires de ce report. Le gouvernement a annoncé sa décision samedi dernier, soit deux jours avant la remise des offres techniques. Les trois banques ont fait savoir qu'elles se sentent lésées. "Si l'opération est relancée dans une année, beaucoup de paramètres vont changer pour les banques candidates. Dans quelques mois, le CPA va changer aussi. On est dans une période d'incertitude totale", affirme un banquier. Les trois banques menacent même de se retirer. Rien ne garantit, aujourd'hui, la participation de ces trois banques à un éventuel second round sur la vente de la banque publique. Société Générale et BNP Paribas et un degré moindre les Banques populaires, via Natexis, accélèrent leur développement en Algérie. Dans une année, ces banques ne regarderont pas le CPA avec la même vision qu'aujourd'hui, affirment les mêmes sources. "Personne ne veut rester dans une banque en privatisation depuis des années ", commente un banquier. Certaines d'entre-elles ont déjà commencé à démarcher discrètement les clients du CPA, essentiellement des PME. Il faut dire, néanmoins, que les banques en question refusent de prendre en compte le fait que la décision de reporter la privatisation du CPA est une décision souveraine, prise après avoir été mûrement réfléchie. La crise des subprimes a eu un impact sur plusieurs banques européennes et les banques françaises n'ont pas été épargnées. Le gouvernement algérien a choisi la prudence et n'a pas envie de se retrouver dans une situation où il serait confronté à des offres en dessous de la valeur réelle du CPA. La crise des subprimes a poussé trois banques parmi les six en lice pour cette privatisation, à se retirer ou bien à prendre du recul momentanément. Dans un point de presse qu'elle a tenu lundi au siège de ministère des Finances, la ministre déléguée chargée de la Réforme financière, Mme Mentouri, a réaffirmé que c'est dans le strict respect des règles de transparence qu'un avis d'appel d'offres international a été lancé, ciblant la participation de grandes banques de standing international. Dans ce cadre, elle a rappelé les critères élevés pour la sélection du partenaire stratégique en fixant les conditions de pré-qualification, notamment un niveau d'un fonds propre d'au moins 3 milliards d'euros, un réseau d'au moins 400 agences dans un même pays, un rating d'au moins A3 par Moody's et au moins A- par Standard & Poors. Ces conditions ont pour objectif de tirer pleinement profit de la concurrence. Le processus de pré-qualification a abouti à une première sélection de 6 banques, en novembre 2006, notamment le Crédit agricole (France), Citibank (USA), Société Générale ( France), BNP Paribas (France), Banques populaires (France), et Santander (Espagne).