L'application, depuis le premier septembre dernier, de l'accord d'association avec l'Union Européenne (UE) s'est traduite, dans son aspect relatif à l'importation de semences de pomme de terre, par la fixation d'un premier quota de seulement 45 000 tonnes exonérées de toute taxe douanière. Les importateurs qui s'en inquiètent feront remarquer que ce tonnage représente à peine la moitié de nos besoins. Pour le reste, il faudra passer à la caisse et payer 5% en redevances douanières. Ce qui introduira une certaine disparité entre les régions de production. Chez les grainetiers chevronnés, on se pose une batterie de questions qui démontrent leur désarroi face à une fidèle clientèle. L'un d'eux les résumera brièvement en se demandant à quel client il fera supporter cette différence de prix ? Comment pourrais-je empêcher les fellahs de l'intérieur de se porter acquéreur de produits qu'ils devront fatalement stocker jusqu'à la période de semi qui ne dépend que du climat, s'inquiétera-t-il ? Un gros client dira sa crainte de voir les spéculateurs s'introduire dans les circuits et doper les cours, faisant encore une fois endosser l'ardoise aux seuls fellahs. Devant ce climat fait d'incertitudes, beaucoup craignent que des importateurs peu scrupuleux ne se retournent vers des pays hors UE pour approvisionner le marché. Cela s'est déjà fait par le passé où on a vu arriver des semences de pays d'Europe de l'Est dont les qualité germinative et phytosanitaires étaient plus que douteuses. Dans la région de Mostaganem, dont le port reçoit plus de 60% des quantités importées, beaucoup mettent en garde contre ces pratiques spéculatives qui consistent à introduire des semences de qualité approximative pour ensuite les écouler au rabais. Par le passé, certains intervenants n'auront pas hésité à casser les prix y compris en vendant à crédit aux fellahs. Injonction de l'UE ? Une pratique qui, sous son aspect innovateur, cache mal la réalité selon laquelle un fellah endetté dès le début de campagne ne peut faire face sans assistance à un suivi technique rigoureux, seul en mesure de lui assurer un bon rendement. Est-ce que ce sont ces raisons qui ont poussé le Ministère de l'agriculture à mettre en application la nouvelle réglementation qui fixe les critères auxquels doivent se conformer les semences d'importation (le Ministère de l'agriculture avait peaufiné un texte régulant l'introduction de plants et semences et l'arrêté qui était fin prêt dès avril 2004 a été promulgué en janvier 2005) ? C'est la question que la corporation ne cesse de retourner dans tous les sens sans trouver un interlocuteur susceptible de l'éclairer. En effet, le fameux seuil de 45 000 tonnes éligibles à l'exonération, a-t-il été fixé par la partie algérienne ou serait-ce une injonction de l'UE qui en retour n'autorisera l'entrée dans son marché qu'un quota de 5 000 tonnes de pomme de terre nouvelle ? Soit la production d'une centaine d'hectares représentant tout juste 200 tonnes de semences sur les 100 000 tonnes importées annuellement depuis l'UE. Regroupant les grainetiers les plus influents des Pays-Bas, de France et du Danemark, cette bourse de la pomme de terre donne le signal du début des exportations vers les pays producteurs. Or il se trouve qu'en raison de caractéristiques agronomiques particulières, ce sont les pays maghrébins qui sont les premiers à être livrés. Ce qui laisse à nos opérateurs très peu de temps pour finaliser les dossiers et recevoir les premières livraisons qui interviennent régulièrement dès la mi-novembre et se poursuivent jusqu'à la fin janvier. Une des plus importantes conséquences de cette réglementation devrait profiter par ricochet aux rares multiplicateurs nationaux de semences qui détiendraient dans leurs chambres froides l'équivalent de 20 000 tonnes de produit. Une semence que nos agriculteurs continuent de bouder malgré des qualités intrinsèques indéniables. Outre son prix de cession très abordable, elle est naturellement issue d'une semence dite « Super Elite » qui lui garantit des rendements qui n'ont rien à envier aux produits d'importation.