Ce débrayage, le deuxième cette année, qui a immobilisé une soixantaine de camions de 40 t/unité, n'est pas sans conséquences graves. Malgré l'intervention de Mohamed Bekaï, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des mines et assimilés (FNTMA), 100 chauffeurs de poids lourds de la Société des transports routiers des minerais (Sotramine), filiale de Ferphos Group, restent intransigeants en maintenant la grève observée depuis le 10 octobre. Les protestataires qui représentent plus de la moitié des effectifs -170 travailleurs- sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à satisfaction de la seule et unique revendication: le départ de leur directeur général, auquel ils reprochent l'abus d'autorité et les agissements dégradants à leur égard, car jouissant, disent-ils, de solides appuis auprès du premier responsable du Groupe. Ce débrayage, le deuxième en cette année, qui a immobilisé une soixantaine de camions de 40 t/unité, n'est pas sans lourdes conséquences. En effet, le manque à gagner est déjà estimé à plus de 15 000 t, sachant qu'à elle seule, Sotramine assure l'acheminement vers les installations portuaires de Annaba de près 1 500 t/ jour de minerais, et ce, depuis les gisements de Djebel Onk, exploités par la Somiphos de Tébessa. À noter que Sotramine, créée en septembre 2005, pour pallier le déficit dans le transport des phosphates, risque de perdre sa part du marché, environ 330 000 t, - la production moyenne annuelle du groupe minier Ferphos- exportées à 80 % . Une part que Sotramine devait hisser à plus de la moitié du marché fret phosphate, son challenge à relever dès 2010, devant son unique concurrent: la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) avec un volume se situant entre 700 000 et 900 000 t/an. L'ambition de s'imposer en tant qu'acteur incontournable, est, selon les protestataires que nous avons rencontrés hier au parc Pont Bouché, devenue aujourd'hui chimérique. Pis encore, «si rien n'est fait pour la redresser, Sotramine risque de disparaître au profit des transporteurs privés, sollicités dans pareilles circonstances par les dirigeants de l'entreprise», préviennent les grévistes tout autant que plusieurs cadres contactés. Ces derniers rappellent, non sans une pointe d'amertume, les performances réalisées au début de la création de l'entreprise et affirment : « Au premier semestre 2006, soit à quelques mois à peine de sa naissance, elle avait déjà pu assurer le transport de pas moins de 220 000 t de phosphate pour passer deux années plus tard à 795 000 puis atteindre 830 000 t. ». Cependant, la baisse des exportations enregistrée à partir de fin 2008 par le groupe et imputée au repli de la demande et des prix sur le marché international, a ralenti, voire freiné l'élan vers la consolidation des objectifs de 2010 aussi bien pour le Groupe que pour sa filiale, qui ont tablé sur 2 millions de tonnes à produire, dont plus de 600 000 à transporter. Les deux intervenants, précisent les mêmes cadres, vont peiner à atteindre moins de la moitié de ces objectifs.