Ce sont les transporteurs qui tentaient de déboucher les avaloirs à l'aide de moyens de fortune, à l'arrêt des fourgons de Beni Douala, lors des dernières chutes de pluie. L'avaloirs obstrués, des buses sous dimensionnées, inexistence d'un système d'évacuation ; il n'en faut pas plus à une averse pour inonder toutes les artères de la ville de Tizi Ouzou. Le manquement aux mesures de prévention contre les inondations est «mis à nu» le temps d'une précipitation.A la même période, chaque année, le scénario est le même, notamment aux boulevards Belhadj, des frère Beggaz et sur la route qui longe l'université de Hasnaoua. Les eaux qui dévalent de ces axes routiers convergent vers le carrefour 20 avril de la nouvelle ville de Tizi Ouzou. Les trombes d'eau, gonflées par la précipitation, débordent sur les trottoirs. Mardi dernier, piétons et automobilistes ont été surpris par une forte averse qui aura duré une dizaine de minutes. En un laps de temps, l'activité des riverains, ainsi que la circulation, se sont ralenties progressivement avant de s'interrompre. Massés sur les trottoirs, les passants attendent sous leurs parapluies la baissée des eaux ; impossible de traverser. A la station des fourgons de Béni Douala, des transporteurs se sont improvisés techniciens de surface (agent de la voirie). Ils tentent de désengorger les avaloirs à l'aide de bâtons, de piquets ou autres objets de fortune. «Voyez vous, on fait le curage à la place des services de la commune», lâche un transporteur qui finit par jeter son bout de bois dans le cours d'eau. Un voyageur, s'adressant au chauffeur, tempête : «Laisse tomber, ils (les services publics) devaient nettoyer les canalisations avant cette période de pluie.» Sans que l'on soit alarmiste, mais l'on a toujours en mémoire les tristes drames de l'hiver 2005, et de novembre 2007. Des pertes humaines et d'importants dégâts matériels avaient été enregistrés à cause des déchaînements de crues. Pendant qu'on évacuait alors les dépouilles mortelles d'un couple emporté dans leur véhicule par les flots, à Oued FAlli (Tizi Ouzou), d'autres avaient failli y laisser la vie, ici, sur le boulevard Krim Belkacem. Surpris par la montée rapide des eaux pluviales, des automobilistes étaient contraints de se résigner et assister, impuissants, à la submersion de leur voiture. La construction d'ovoïdes dans plusieurs localités inondables a atténué le risque d'inondation, mais elle ne peut, à elle seule, en éliminer le risque. Dans la ville de Tizi Ouzou, «le risque de revoir nos locaux et cités inondés n'est pas tout à fait écarté !», lance, l'air inquiet, un commerçant. Même inquiétude dans les quartiers résidentiels. Le commerçant ajoute : «Certaines cités, à l'image des 350 logements EPLF (Krim Belkacem), sont totalement dépourvues ; les caniveaux, ainsi que les avaloirs, ont été ensevelis lors du bitumage des allées du quartier.» Cette situation nous fait rappeler la morale proposée à retenir comme règle lors de la journée de sensibilisation sur le risque d'inondation, organisée à Draâ Ben Khedda en octobre 2009, par la protection civile de Tizi Ouzou. L'officier avait conclu alors qu'on ne peut pas supprimer totalement le risque des inondations, mais on peut agir par la prévention pour en diminuer les effets. Si chaque secteur se mobilise suivant l'expertise de la Protection civile, les pertes en vies humaines et les dégâts matériels seront évités ou du moins diminués.