Le gouvernement se décide enfin à mettre en place une nouvelle politique de la ville en initiant, dès janvier 2005, via le ministère délégué chargé de la Ville, des études urbanistiques - analyse et projection - portant sur la maîtrise de la croissance et l'organisation du développement des 28 villes algériennes, dont 4 métropoles (Alger, Annaba, Constantine et Oran) et 24 grandes villes. La durée minimale de ces études est de 12 mois (à 24 mois), a précisé M. Boukerzaza, ministre délégué à la Ville, lors de la conférence de presse organisée hier à l'hôtel El Djazaïr, en marge du séminaire national intitulé « La ville, entre les instruments d'aménagement et d'urbanisme et la réalité ». Allons-nous vers la création d'un ministère de la Ville ? Tout semble l'indiquer considérant la mission colossale que s'assignent les initiateurs de ce projet. C'est particulièrement l'anachronisme avéré entre les « orientations des instruments d'aménagement, d'urbanisme et de planification spatiale », d'une part, et la croissance urbaine non maîtrisée, d'autre part, qui a impulsé la réflexion puis le lancement effectif des études sus-citées. Et pour la première fois, le système d'information géographique (SIG) est introduit dans la gestion et la planification des villes. Présenté comme révolutionnaire, ce système de haute technologie, mis en place par le ministère délégué à la Ville en vigueur dans tous les pays développés, est en termes techniques un ensemble de logiciels (superposition de layers : réseaux de voirie, réseau d'AEP, etc.) permettant, entre autres, la constitution d'une base de données et le développement de scénarios à même d'organiser, voire de planifier les villes. Ainsi, les axes principaux de la nouvelle politique consistent globalement en la réalisation d'un « réseau des villes » - les programmes sectoriels s'étant avérés obsolètes et saturés - et la participation directe des citoyens à travers le projet de réhabilitation des quartiers, projet d'envergure pour lequel a été dégagée une enveloppe financière conséquente dont le montant n'a pas été révélé. A l'occasion, la volonté des pouvoirs publics de redéfinir via les principaux acteurs de la ville le cadre actuel de gestion de l'espace et de promouvoir une véritable démocratie de proximité a été réaffirmée. Les communications ont, à juste titre, porté sur l'anarchie prévalant dans l'espace urbain, au détriment des équilibres économiques et sociaux. Le détournement des ressources foncières, la perte d'attractivité et la détérioration de la qualité urbaine ont sensiblement nui à l'évolution des grandes agglomérations algériennes, sachant que 95% de la population sont concentrés sur les 4% de la bande côtière. A souligner également que quelque 58% des Algériens, soit 19 millions sur 32, vivent dans les villes, ils seront 80% en 2020. Les spécialistes préconisent, en outre, d'assurer le « marketing » de la ville (algérienne) face à la concurrence régionale.