Le pays paraît au bord de l'embrasement et la guerre civile se profile alors que les partisans de Laurent Gbagbo ont menacé de prendre d'assaut le Golf Hôtel où est établi le quartier général du président reconnu par la communauté internationale, Allassane Ouattara. Une action qui pourrait être considérée comme une déclaration de guerre par l'ONU, dont les Casques bleus défendent l'édifice. Youssoufou Bamba, officiellement nommé par Ouattara comme ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU, estime que le pays est «au bord du génocide» et déclare qu'il y eut et qu'il y a toujours une violation à grande échelle des droits de l'homme en raison de la persistance des tensions politiques. Laurent Gbagbo refuse de démissionner bien que son rival, Alassane Ouattara, est internationalement reconnu comme le vainqueur de l'élection présidentielle. «La victoire de M. Ouattara en novembre était illégitime», déclare Gbagbo alors que M. Bamba insiste sur le fait que son président avait été élu lors d'«élections démocratiques, libres, justes et transparentes», ajoutant «que le débat est terminé, et qu'il est temps de parler de la démission de M. Gbagbo». Et pour cela, il fait appelle à une intervention extérieure. «Génocide» 173 personnes ont été tuées après qu'elles eurent montré, parlé ou défendu la volonté des électeurs. «Nous pensons que c'est inacceptable. Nous allons bientôt qualifier cette situation de génocide, certaines maisons ont été marquées en fonction des origines ethniques des habitants (…) J'espère rencontrer tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU et leur expliquer la gravité de la situation», explique M. Bamba. Il a plaidé pour une intervention de l'organisation internationale : «La protection des civils est au cœur de l'opération de maintien de la paix de l'ONU et nous attendons des Nations unies qu'elles remplissent leur mission.» Actuellement, l'Onuci dispose de 9105 hommes et femmes représentant 42 pays sur le territoire ivoirien. Elle prévoit le recours à la force en cas de menace contre la paix. Laurent Gbagbo a exigé son départ, l'accusant de soutenir l'opposition. Mardi, un convoi de la force onusienne a été pris à partie par une foule dans le quartier populaire de Yopougon à Abidjan. Un Casque bleu a été blessé à la machette et un véhicule du convoi incendié. Vergès et Dumas au secours de Gbagbo L'ONU a dénoncé mercredi la «propagande» et les «appels à la haine» véhiculés par la télévision d'Etat contre l'Onuci, et affirmé sa «détermination» à poursuivre son mandat malgré l'attaque de la veille. Arrivés hier pour soutenir et conseiller Laurent Gbagbo, dont la presque totalité de la communauté internationale demande le départ, l'ancien ministre français socialiste des Affaires étrangères, Roland Dumas, et l'avocat Jacques Vergès ont dénoncé l'ingérence française et internationale. «Qu'est-ce qui autorise le gouvernement français à intervenir dans une querelle électorale en Côte d'Ivoire ? Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé», a lancé sur iTélé Jacques Vergès. «J'ai quelques indications pour pouvoir dire que tout le monde n'est pas d'accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas», a pour sa part estimé Roland Dumas.