L'organisation non gouvernementale, Reporters sans frontières, a dressé, hier, son bilan annuel : au moins 57 reporters sont décédés sur le terrain, dont 51 kidnappés. D'après la même organisation, le chiffre est inférieur de 25% qu'en 2009 mais reste supérieur aux années précédentes. «La communauté internationale n'a pas encore trouvé les moyens de mettre fin» aux kidnappings, déplore Blaise Lempen, secrétaire général de l'ONG Presse Emblème Campagne dont le siège est à Genève. «Des mécanismes efficaces pour enquêter rapidement et poursuivre les auteurs de ces délits continuent de faire défaut», regrette-t-il. Il n'est pas souvent évident d'identifier les preneurs d'otages parmi les groupes mafieux, armés ou religieux, et les Etats. Il est à noter que les journalistes de guerre sont les moins nombreux à perdre la vie sur le terrain, les zones de guerre ne sont donc pas les sources premières de ces pertes humaines, les responsables sont en effet dans différents réseaux aux revendications plus ou moins incomprises. «Les autorités des pays concernés ont une responsabilité directe dans la lutte contre l'impunité qui entoure ces crimes. Si les gouvernements ne mettent pas tout en œuvre pour punir les assassins des journalistes, ils deviennent leurs complices», a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'année 2010 se démarque également par le nombre surprenant d'arrestations, plus de 535 journalistes ont dû se soumettre aux autorités et 125 bloggueurs et net-citoyens ont étés incarcérés pour «atteinte aux intérêts de l'Etat» dans différents pays où la répression et la censure sont présentes. C'est la première fois que ce bilan touche autant de pays, 25 en tout. Alors que l'Europe compte deux assassinats, en Grèce et en Lettonie. Et près d'un pays sur trois se trouve sur le continent africain : Angola, Cameroun, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda et Somalie. Mais la région du monde la plus meurtrière reste, de loin, l'Asie avec 20 cas, en raison du très lourd bilan au Pakistan (11 journalistes tués en 2010). Les trois pays les plus violents pour les journalistes au cours de la dernière décennie ont été le Pakistan, l'Irak mais aussi le Mexique où de nombreux journalistes ont perdu la vie durant des affrontements entre narcotrafiquants et ordre public. Au Pakistan, où les années se suivent et se ressemblent, les journalistes, visés par les groupes islamistes ou victimes collatérales d'attentats suicides, ont payé le plus lourd tribut cette année avec 11 morts. L'Irak a renoué avec la violence et totalise 7 décès de journalistes en 2010 contre 4 en 2009.