Depuis 6 mois, une équipe de l'Inspection générale des finances (IGF), épaulée par des cadres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, s'échine à détecter les cas de dilapidation et de détournement qui touchent le programme de mise en valeur des terres agricoles par la concession que gère la Générale des concessions agricoles. Au total, ce sont 1228 dossiers qui sont passés sous la loupe des inspecteurs dépêchés par le ministère des Finances. Ce chiffre a été révélé, hier, par Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, lors d'un point de presse improvisé en marge de la tenue de la réunion d'évaluation trimestrielle du secteur, au siège de son département, à Alger. Cette opération d'inspection des services de l'IGF s'inscrit dans le cadre de l'assainissement et de la lutte contre la corruption, a ajouté le ministre, en reconnaissant l'existence de «dérives». De quelle ampleur ? «L'opération n'est pas encore terminée», s'est-il contenté de dire. Une fois l'inspection de l'IGF bouclée, les dossiers épluchés qui présentent des graves irrégularités seront transférés à la justice. Pour les dossiers qui ne laissent planer aucun doute, leurs propriétaires bénéficieront de leurs droits et les autres feront l'objet de correctifs administratifs, selon les explications fournies par M. Benaïssa. Ceci dit, le ministre défend, malgré les critiques et les dépassements enregistrés, la pérennité du programme de mise en valeur des terres agricoles par la concession. «Il n'est pas annulé. Il ne sera pas annulé. Il sera renforcé», a-t-il dit, en promettant que les projets inscrits dans ce programme seront traités «en toute transparence» à l'avenir. Le ministre est également revenu sur la situation de la Générale des concessions agricoles (GCA), organisme de gestion du programme de mise en valeur des terres agricoles par la concession, adopté par le conseil du gouvernement en janvier 1998. Près de 400 employés de cet organisme n'ont pas perçu leur salaire depuis des mois, selon le procès-verbal de l'assemblée générale du syndicat de la GCA tenue le 5 janvier dernier à Alger. Les délégués syndicaux revendiquaient, en outre, l'augmentation des salaires de 40% au minimum, une réponse claire sur le sort de l'entreprise, de même que la dotation de fonctionnement pour toutes les directions régionales et la réparation de tous les véhicules en panne. Hier, M. Benaïssa a estimé que la SGP a pris des mesures transitoires dont le paiement des salaires du personnel de cet organisme. Par le passé, des gestionnaires de la GCA ont été au cœur d'un grand scandale. Ce qui devait être un outil d'aide au développement de l'agriculture, particulièrement dans les régions du sud du pays, s'est vite transformé en une cagnotte au bénéficie de barons de l'importation d'équipements agricoles et d'entrepreneurs véreux. Tout le monde se souvient du cas détestable de Amar Saïdani, l'ex-président de l'APN, qui aurait bénéficié d'aides évaluées à 300 milliards de centimes, selon des révélations de la presse. Depuis cette malheureuse expérience, le ministère de l'Agriculture, auquel est rattaché cet organisme, veut gommer ce désastreux passif. «Aujourd'hui, la GCA joue un rôle de maître d'ouvrage. Nous sommes en train de penser dans quelle mesure elle (GCA, ndlr) pourrait rejoindre l'Entreprise algérienne de génie rural pour devenir graduellement une entreprise de réalisation», a encore précisé M. Benaïssa. Par ailleurs, 107 000 exploitants agricoles ont déposé leurs demandes au niveau de l'Office national des terres agricoles (ONTA) pour les besoins de convertir le droit de jouissance en droit de concession, selon M. Benaïssa. Les exploitants de terres agricoles privés relevant du domaine public de l'Etat ont 18 mois pour se conformer au nouveau texte de loi en vigueur depuis le 15 août dernier. Passé ce délai, ceux n'ayant pas déposé leur demande seront considérés comme ayant renoncé à leurs droits, stipule la nouvelle loi.