La Casbah d'Alger continue de perdre ses repères au détour de l'effondrement de certaines de ses bâtisses. Les habitations menacent ruine partout à La Casbah. Mais cette fois, c'est un symbole qui est touché de plein fouet : la bâtisse, où est né en 1921 le Mouloudia club d'Alger (MCA) au n°5, rue Benachir à La Basse-Casbah, s'est partiellement effondrée. La partie supérieure de l'immeuble, fragilisée par les dernières pluies, s'est affaissée samedi après-midi. «Les familles sont sorties la peur au ventre. Qui peut rester et risquer sa vie et celle de ses enfants ? Les 9 familles qui occupaient les appartements de l'immeuble sont à présent dispersées. J'ai tout perdu», enrage Merouane Redouane, locataire qui a vu ses effets personnels enfouis sous les gravats. Les habitants se plaignent du travail effectué par les équipes de la commune venues sur place le lendemain de l'effondrement. «L'APC de La Casbah a procédé à la démolition des planchers supérieurs sans se faire accompagner par les services de l'urbanisme. Au lieu de les étayer, les agents du “service vétuste” ont démoli une partie du plancher prétextant le danger imminent. Le travail devait être fait par les seuls agents du CTC après désignation d'un bureau d'études. Rien n'a été fait. L'APC, qui s'est précipitée pour démolir l'immeuble, est seule responsable de la dégradation d'un patrimoine inestimable», s'indigne Merouane qui affirme que le même service «refuse de donner une copie du rapport technique sur l'immeuble aux locataires». Les habitants, excédés par les atermoiements de l'administration, affirment qu'ils sont abandonnés à leur triste sort. «En 1989, l'immeuble a été fragilisé par le tremblement de terre, il y a eu des promesses, sans plus. Nous avons entendu la même rengaine lors du séisme de 2003. Entre temps, la bâtisse s'est détériorée encore plus. Des dossiers ont été déposés pourtant à l'APC qui ne peut plus venir à notre secours. Nous réclamons notre relogement dans des habitations décentes si notre immeuble ne peut pas être réhabilité», assurent les résidants qui menacent d'organiser un rassemblement devant l'APC «si rien n'est fait dans les prochains jours». Une plaque commémorative a été installée en 2002 au bas de l'immeuble pour rappeler l'importance du local où se sont réunis les sept membres fondateurs du MCA. «C'est dans ce local qu'est né le MCA, le 7 août 1921. Mouloud Djazouli était encore vivant lorsque le ministre de la Jeunesse de l'époque a inauguré la plaque», signale un riverain. L'immeuble connaît, signale Hicham, un fervent Chenoui (supporter du Mouloudia), le même destin que le Mouloudia qui traverse, depuis quelque temps, une situation difficile. «Nous cachons la plaque aux regards. C'est désolant de voir l'immeuble où a été créé le prestigieux club, dans un tel état. Personne ne s'y intéresse ; ni les dirigeants du club, rentiers satisfaits, ni le ministère de la Culture, encore moins l'APC fragilisée par la lutte entre les différents clans», se désole Hicham.