Il est important d'ouvrir les chaînes de télévision et les fréquences aux privés ou pour des initiatives conjointes entre public et privé», a déclaré hier Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression, lors d'une conférence de presse, au siège du PNUD à Alger, au terme d'une visite d'une semaine en Algérie. «J'ai dit aux directeurs de la télévision et de la radio que je ne suis pas contre les médias publics. Ces médias sont le meilleur moyen pour couvrir l'ensemble du pays. Les médias publics doivent être indépendants du gouvernement et de toutes les parties au pouvoir. Ils ne doivent pas être utilisés politiquement par le gouvernement ou par le parti au pouvoir. L'indépendance doit être présente dans le contenu de ces médias», a-t-il ajouté. Il a appelé à la mise en place d'une autorité indépendante pour réguler l'action des médias publics. Une autorité ouverte aux professionnels de la presse et aux acteurs de la société civile. Frank La Rue a remarqué que plusieurs de ses interlocuteurs lui ont dit que la télévision et la radio ont diffusé une couverture orientée des derniers mouvements de protestation en Algérie. «L'accès de l'opposition et des ONG à ces médias est insuffisamment assuré. Ces accusations ont été réfutées par les directeurs de la télévision», a-t-il assuré. Pourtant, tout le monde aura remarqué qu'au lendemain du discours de Abdelaziz Bouteflika, prononcé vendredi dernier et appelant à l'ouverture des médias publics «à toutes opinions», l'ENTV et les chaînes de la radio ont fermé leurs antennes à toute critique de l'intervention présidentielle ne diffusant que «les avis» favorables. Selon le rapporteur onusien, le développement de la numérisation de la diffusion permettra l'existence de nombreuses fréquences. «Des fréquences qui peuvent être utilisées par l'initiative privée, pas forcément liée aux milieux d'affaires», a-t-il noté. Il a exprimé son inquiétude sur le refus des autorités de donner un agrément pour l'ouverture d'un bureau de la chaîne qatarie Al Jazeera à Alger. Il a estimé que les visas et les accréditations pour les journalistes étrangers ou pour les correspondants ne doivent pas être utilisés «comme une menace ou une limite à la liberté du journaliste de couvrir tous les sujets». L'internet ne doit, selon lui, souffrir d'aucune restriction. «J'ai reçu des témoignages sur le blocage de facebook pour une courte période durant les événements qui ont secoué récemment les pays du voisinage. Le website d'une agence de presse a été perturbé durant quinze jours», a-t-il annoncé. Frank La Rue trouve contradictoire que l'accès à internet et l'achat de paraboles pour la réception satellitaire soient autorisés au moment où le ministère de la Culture continue de «pratiquer la censure» sur les livres importés.