C'est une situation d'impunité d'Etat qui caractérise la puissance occupante marocaine dans les violations des droits de l'homme au Sahara occidental», a déploré, hier à Alger, l'ex-président de la Commission de l'Union africaine (UA) des droits de l'homme et des peuples, Kamel Rezzag Bara. Ce dernier s'exprimait hier lors d'une rencontre organisée par la Commission nationale algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps) à propos de l'absence d'un mécanisme de surveillance et de protection des droits de l'homme au Sahara occidental. Rezzag Bara a ainsi appelé les Etats membres du Conseil de sécurité à œuvrer à la création d'un mécanisme onusien de protection des droits de l'homme au Sahara occidental. Auparavant, il a dressé un tableau noir sur les violations systématiques des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. «Nous ne savons toujours pas le sort réservé au plus de 500 disparitions, des arrestations et des tortures qui sont toujours opérées dans les territoires occupés», a-t-il regretté. Il n'a d'ailleurs pas manqué d'appeler à la levée de l'embargo médiatique imposé aux territoires occupés, afin que la communauté internationale puisse se faire une idée «précise» de ces violations. Cet avocat, et membre du Cnasps, a été appuyé dans ses déclarations par des témoignages poignants d'une quinzaine d'activistes des droits humains venus des territoires occupés. «En effet, la répression est le lot quotidien de mes concitoyennes dans les territoires occupés», lui lance N'Hebouha Khlifi. Cette dernière a qualifié de «diversion» la libération provisoire des militants politiques sahraouis, Ahmed Naciri, Brahim Dahane et Ali Salem Tamek, jeudi dernier, après dix-huit mois de détention dans plusieurs prisons marocaines. «Non, cette libération est le fruit de notre combat pacifique», lance-t-elle. Maya Sahli, professeur de droit international et experte auprès des Nations unies, a, en abondant dans le sens de Rezzag Bara, mis l'accent sur la mise en place d'un nouveau mécanisme onusien «spécifique» qui sera consacré au contrôle de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental. «Il faudra, à ses yeux, un mécanisme d'une année renouvelable afin de faire part d'un bilan réel sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental.» Cependant, Mme Sahli a justifié la demande d'un mécanisme de protection des droits de l'homme au Sahara occidental par ses «craintes» de voir, une nouvelle fois, la France opposer son refus à l'élargissement du mandat de la Minurso, en usant de son droit de veto au Conseil de sécurité. Elle a ainsi déploré la position de la France qui s'affronte actuellement à deux autres membres non-permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, à savoir le Nigeria et l'Afrique du Sud, sur la question de la création de ce mécanisme de surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental. «Il y a actuellement un véritable bras de fer entre la France, le Nigeria et l'Afrique du Sud», a-t-elle révélé, en regrettant le fait que «la France fait fi des Conventions de Genève». Qualifiant la situation en Afrique du Nord de «dramatique», au regard de ce qui se passe en Libye, la juriste a souligné l'«urgence» de trouver une solution au conflit du Sahara occidental, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui préconisent la tenue d'un référendum d'autodétermination. « A l'heure actuelle, il y a péril en Afrique du Nord et il apparaît urgent de trouver une solution au conflit du Sahara occidental», a-t-elle estimé, en faisant référence aux soulèvements populaires qui ont caractérisé la Tunisie, l'Egypte et la Libye. Saïd Layachi, membre aussi du Cnasps, accuse pour sa part d'emblée «la complicité de certains Etats, notamment celle de la France qui est vérifiée, selon lui», d'être derrière les violations des droits de l'homme au Sahara occidental. Le docteur Saïd Ayachi a estimé que le Maroc «joue sur le temps» dans ce conflit, afin, a-t-il dit, de le «banaliser». «Il faut faire attention à cette question et œuvrer pour que ce conflit ne tombe pas dans l'oubli», a-t-il plaidé en appelant la presse à se faire l'écho de cette question.