La situation de cette frange de la société a été jugée inquiétante par les participants qui demandent une hausse de l'aide accordée aux handicapés. Nous sommes des éternels mendiants. Nous sommes mal vus et mal traités partout. Nous aussi, nous aimerions avoir un ministère propre à nous, qui œuvrerait à répondre à nos véritables préoccupations. Car la DAS ne fait en réalité que ce que lui demande l'Etat», a déclaré un responsable d'une association des personnes handicapées lors d'un séminaire qui a eu lieu la semaine dernière à Boumerdès.Cette rencontre a été organisée par la fédération nationale des personnes handicapées (FAPH) dans le cadre d'un projet ayant pour thème «L'handicap : une problématique des droits de l'homme intégrée dans les missions et actions citoyennes des associations civiles et des pouvoirs publics».La rencontre a regroupé de nombreux spécialistes et des associations venus de diverses localités des wilayas d'Alger, de Boumerdès et Tizi-Ouzou pour discuter des problèmes auxquels fait face cette vulnérable frange de la société. Les invités de la FAPH, sont revenus lors de leurs interventions sur les multiples contraintes et les difficultés qui empêchent les handicapés de s'épanouir, et les moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur situation. «Il y a une sorte de discrimination envers cette catégorie. Le problème ne se pose plus dans les lois mais dans leur application. Car l'handicap se trouve en réalité dans la société et l'environnement qui n'est pas organisé de sorte à faciliter la vie à toute personne souffrant d'un quelconque handicap», explique un psychologue, spécialisé dans le domaine. Abondant dans ce sens, certains responsables d'association relèvent la question de la non-scolarisation des enfants handicapés et soulignent la nécessité de mobiliser les moyens existants en édictant de nouvelles lois à même de réduire le taux d'analphabétisme, un fléau qui prive des milliers d'enfants du droit à la scolarité à travers le pays. «Pour le moment la réglementation prévoit la prise en charge de l'handicapé par l'Etat jusqu'à l'âge de 18 ans. Ceux qui dépassent cet âge n'ont droit qu'à la pension dont le montant est fixé en fonction de la gravité de l'handicap», précise une responsable à la DAS de Boumerdès. Vivre avec 4000 DA D'autres intervenants se sont plaints des maigres pensions octroyées par le ministère de la solidarité nationale à cette catégorie de personnes souffrant de sa marginalisation de la part des pouvoirs publics. «Le meilleur d'entre nous touche 4000 DA. Comment peut-on vivre avec une telle somme qui ne couvre même pas les frais de moindres déplacements?», se demande une responsable de l'association El Fadjr de Zaâtra, une localité relevant de la commune de Zemmouri. L'oratrice précise que le problème ne se pose plus dans les lois, mais dans leur application sur le terrain. Elle a précisé que des centaines d'handicapés font face à d'énormes difficultés pour se faire recruter, à cause notamment de la non-application des lois en vigueur et des mentalités rétrogrades de certains chefs d'entreprises. «J'ai formulé plusieurs demandes de recrutement auprès d'entreprises publiques et étatiques pour y travailler et avoir droit à une pension de retraite à l'avenir, aucune suite, favorable ou pas, ne m'a été accordée», déplore une jeune fille, venue d'Alger. Face à cette situation, des participants estiment qu'il est temps de retrousser les manches et de s'organiser pour changer leur destin. «Chez nous, les droits ne se donnent pas, ils s'arrachent. Nous devons nous unir pour le meilleur ou pour le pire. Chacun d'entre nous doit faire un effort pour pouvoir améliorer notre situation à l'avenir», a suggéré un responsable d'une association de Tizi-Ouzou, sous les applaudissement de l'assistance.