En 2010, l'Algérie a importé 25 000 vaches laitières, alors que durant l'année en cours, 11 000 têtes ont été importées entre janvier et fin avril derniers. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, mercredi dernier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, expliquait : «Nous avons lancé une politique à moyen terme.» D 'un côté, il faut augmenter la production, de l'autre, il faut couvrir les besoins des consommateurs. Nous mettons en place les aides qu'il faut pour que le lait pasteurisé, subventionné et vendu à 25 DA, soit disponible. Par ailleurs, un travail de fond est en train de se faire pour augmenter la production nationale.Le capital génétique est en train de se renforcer, les importations de vaches laitières sont en progression. A ce rythme, tout indique que la production laitière s'apprête à amorcer un processus de développement qui fera d'elle à moyen terme une filière de production économiquement fiable. Toutefois, les indicateurs que reflètent la réalité et les conditions dans lesquelles est conduit l'élevage bovin laitier ne donnent pas lieu à une satisfaction quant à la situation de l'industrie laitière en Algérie. Sinon, comment expliquer qu'un pays ayant un potentiel de production composé d'un cheptel laitier de près d'un million de têtes (plus de 980 000 vaches laitières selon les statistiques officielles) et une consommation annuelle moyenne de 5 milliards de litres équivalent lait, dépende toujours des importations pour la couverture de plus de 50% des besoins exprimés. La production locale brute, en effet, ne dépasse pas les 2,5 milliards de litres par année. Cependant, dans la foulée de la stratégie mise en œuvre pour le développement de la filière laitière, un comité de pilotage algéro-français a été installé la semaine dernière à Alger pour appuyer le développement de la filière laitière en Algérie. Ce comité, qui est une initiative qui sera conduite par l'organisation française Bretagne International, regroupant des professionnels du secteur et, du côté algérien, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, aura pour rôle, tel que rapporté par l'APS, de «coordonner les efforts pour la mise en place d'une filière laitière intégrée et rassemblant les différents acteurs intervenants en amont ou en aval de cette filière (producteurs, collecteurs, transformateurs, structures techniques, office interprofessionnel et fournisseurs des intrants), et ce, à travers des activités de formation, de transferts de technologie et d'échange d'expérience». Le prix à la ferme entre 30 et 35 DA/litre Ce projet portant sur le développement et la modernisation de la filière lait coûtera près de 6 millions d'euros, dont 500 millions de dinars seront mobilisés par la partie algérienne et 750 000 euros par la partie française. Dans sa phase de démarrage, le programme étalé sur trois ans va démarrer avec 1000 éleveurs volontaires choisis sur les trois wilayas de Blida, Relizane et Souk Ahras et, selon le directeur général de Bretagne international, Marc Gillaux, l'installation de ce comité marque «le départ du programme de coopération entre les deux parties dans la filière lait». En outre, la situation de l'élevage laitier en Algérie, tel qu'elle se présente, requiert une prise en charge à tous les niveaux, en amont et en aval afin de parvenir à surpasser les lacunes qui se posent à diverses échelles de la filière. En amont, c'est à la problématique de l'alimentation qu'il faudra s'attaquer, et ce, à travers la mise en place de dispositifs permettant de réduire les charges et contribuer à réduire les coûts de revient du lait à la ferme. Ce défi ne peut être relevé qu'à travers le développement des cultures fourragères qui permettront de réduire la facture d'importation des intrants pour la fabrication d'aliments. Sur ce plan, l'objectif ne sera atteint qu'à travers un programme d'investissement intensif et étudié dès lors que, pour le moment, les cultures fourragères n'occupent que 6% de la SAU (surface agricole utile) ; soit moins 550 000 ha sur 8,5 millions d'hectares. Cette alternative, une fois réussie, permettra de réduire les importations en alimentation animale, composées principalement de maïs et soja et, du coup, les aliments utilisés dans les élevages laitiers. Actuellement, la cherté de ces aliments pousse à la hausse les prix du lait à la ferme, qui se situe dans la fourchette des 30-35 DA/litre, ce qui fait que les transformateurs tournent le dos au lait cru pour se rabattre sur la poudre importée dont le prix de revient est relativement moindre.