Photo : Makine F. La tenue, hier, au siège de l'APN d'une journée d'étude sur la professionnalisation des armées et sa relation avec le service national a permis l'ouverture d'un large débat sur l'abrogation ou non du service national en Algérie. Initié par la commission de la défense nationale et animée par des enseignants universitaires, cette rencontre, première du genre, s'est penchée sur un sujet d'actualité, longuement évoqué aussi bien par les autorités que par la société civile. La professionnalisation des armées nécessite d'emblée l'abrogation du service national, à l'image de l'option adoptée par les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et la France, contrairement à la Russie, un pays producteur d'armes, qui n'a pas tranché sur cette question. Faut-il abroger le service national ou le maintenir tout en réduisant sa durée ? De l'avis des intervenants et compte tenu de la conjoncture actuelle, la position stratégique de l'Algérie ne lui permet guère d'abroger le service militaire pour une meilleure professionnalisation de son armée. L'idéal serait de réduire sa durée pour réussir sa professionnalisation. Le président de la commission de la défense nationale de l'APN, Mohamed Yerfaâ a plaidé pour la réduction, à une année, de la durée du service national. La donne a certes, changé, mais les mutations opérées dans le monde, ne signifient pas pour autant que l'Algérie peut facilement abroger le service national. «Il faut le maintenir tout en oeuvrant pour sa professionnalisation», a-t-il suggéré, estimant que tout Etat est appelé à édifier une armée forte regroupant les compétences et les diplômés universitaires formés dans les disciplines répondant aux exigences de l'heure en termes de technologie. C'est aussi l'avis du Dr Ahmed Adimi, enseignant universitaire. L'Algérie peut aisément professionnaliser son armée tout en réduisant - de trois à six mois - la durée du service national. Confortant l'idée de M. Yerfaâ, l'intervenant estime qu'il est temps d'encourager la professionnalisation, laquelle nécessite des moyens financiers colossaux. Il a fait allusion à la réduction des effectifs, estimant qu'il est temps d'investir pour la modernisation de l'armée en accordant tout l'intérêt aux ressources humaines et les équipements, pour pouvoir l'adapter aux enjeux de l'heure. Pour certains experts, il faut écarter l'idée d'abroger le service national. Se référant au modèle français (la France, ayant abrogé le service national en 1996), le juriste Mohamed Ahmidatou a souligné que contrairement aux pays de l'Union Européenne, les frontières de l'Algérie ne sont pas protégées. D'où la nécessité de maintenir le service national. Selon cet expert, la professionnalisation des armées est loin d'être un modèle prêt-à-porter. Il faut tenir compte de l'environnement géographique, politique et même idéologique de chaque pays, sans toutefois négliger ses particularités sociales et culturelles. La professionnalisation est tributaire d'une formation performante et de l'ouverture d'écoles de cadets de la Nation.