Les pères de famille sont désespérés à l'idée de passer un autre Ramadhan dans des habitations précaires. Ils étaient une centaine à vouloir observer, hier matin, un sit-in devant le siège de la wilaya d'Alger. Ils sont venus des chalets de Aïn Kahla, dans la commune de Heuraoua. Ils demandent un logement décent, après huit ans de calvaire dans les chalets. Sinistrés du séisme du 21 mai 2003, les représentants des 317 familles habitant les chalets de Heuraoua ont tenté de se rassembler pour porter leurs revendications devant le wali. La police a réussi à disperser les protestataires dont les représentants ont été reçus par les responsables du secteur. «Nous avons renoncé à notre action d'observer une grève de la faim, après les assurances des responsables. Nous sommes des pacifistes et prenons acte des promesses qui viennent de nous être faites», explique un jeune père de famille, parmi les délégués des protestataires qui ont accédé aux locaux de la wilaya. Les contestataires se sont dispersés en petits groupes pour rejoindre leurs chalets. «Il faut faire l'expérience de passer une journée d'été dans ces bicoques pour comprendre notre situation», lâche un père de famille. Un brin d'espoir se lisait sur les visages des protestataires qui prêtent beaucoup d'attention à tout ce qui se dit autour du logement. La rumeur et le radio-trottoir n'ont jamais eu autant d'effet sur les esprits des ces parents désespérés à l'idée de passer encore un autre Ramadhan dans ces habitations précaires qui sont devenues, au fil des années, insalubres. «Il paraît que l'opération de relogement se poursuivra au cours de ce mois de Ramadhan.» Une phrase à travers laquelle un contestataire tente de confirmer ce qui se dit autour du programme de relogement initié par la wilaya d'Alger pour l'absorption de l'habitat précaire. Les représentants des familles, après consultations, ont préféré temporiser leur action de protestation. «Nous accordons encore une quinzaine de jours aux autorités pour nous inclure dans le programme de relogement, faute de quoi nous nous considérons contraints de recourir à une grève de la faim et à saisir les instances internationales sur notre situation», menace-t-on également. Ces sinistrés se considèrent pénalisés par le fait que plusieurs projets de logements ont été construits sur le territoire de leur commune, mais «aucun quota ne nous a été désigné, alors qu'ailleurs tous les sinistrés de 2003 sont chez eux dans des maisons en dur», lâche, en colère, un jeune homme. «Je vous assure que c'est inhumain de laisser des familles croupir dans des chalets peu sécurisés et vétustes. Y passer un autre Ramadhan, c'est encore plus dur.»