Avec un minimum de bon sens quant à son hygiène de vie, le jeûneur a peu de chances de subir sur sa santé les conséquences du mois de Ramadhan. En effet, étant temporaire et ne se pratiquant que sur la journée, l'acquittement de cette obligation, qui ne dure qu'un mois, est tout à fait réalisable, à condition, bien entendu, de s'en donner les moyens… En temps normal, il est absolument naturel, voire «physiologique», que chacun de nous ressente, en fin de journée, une certaine fatigue consécutive à un jour passé à s'occuper et/ou jeûner. En revanche, pendant le mois de Ramadhan, cette fatigue peut être anormalement intense et représenter un inconvénient non négligeable pouvant conduire à d'éventuelles répercussions sur la santé. Source de contrainte supplémentaire, la fatigue s'associe à la chaleur intense des longues journées de ce mois d'août pour former un solide trépied pouvant, au fil des jours, aboutir à l'épuisement, qui contraint à ne plus jeûner et parfois même à recourir à une prise en charge médicale alors qu'une admission en service de réanimation n'est, par ailleurs, pas exclue. Quelles sont les causes de la fatigue ? Les causes de l'installation d'une fatigue importante chez les personnes qui s'en plaignent sont multiples. En en prenant connaissance, il est tout à fait possible de prévenir sa survenue et de lutter contre sa persistance. En effet, cette situation désagréable, voire insupportable, est toujours liée à une mauvaise nutrition durant la nuit. Les apports notamment en gras, protéines et végétaux ne sont pas consommés en quantités suffisantes ni aux moments propices. En revanche, une consommation importante de sucres lents et de fruits, d'une part, et le «gavage» nocturne en sucreries, d'autre part, dans l'espoir de tenir le coup le lendemain, sont les principales erreurs à ne pas commettre. L'ingestion conséquente de ces aliments est une solution à court terme, puisqu'elle n'est bénéfique que pour la couverture de trois à quatre heures de jeûne avec comme «bonus» la survenue inéluctable de la faim, source de souffrance. C'est ainsi que la sensation de faim dès la matinée, vers 9h ou 10h, dest la conséquence d'une composition inadéquate des ingestions, notamment le repas du s'hor pris vers 4h. La deuxième raison d'être fatigué dans la journée et d'avoir des difficultés à gérer son jeûne est liée à l'absence d'alimentation le matin. Ce comportement, à ne jamais adopter, peut également être dangereux, car assurément source de fatigue mais également d'accumulation de celle-ci au fil des jours. L'organisme n'ayant pas eu régulièrement les aliments dont il a absolument besoin, ne tient plus et, par conséquent, oblige certaines personnes à arrêter le Ramadhan. Enfin, le troisième comportement qui contribue à précipiter l'apparition de la fatigue reste le sommeil insatisfaisant, car contrairement à ce que la majorité des gens pensent, bien dormir ne veut pas dire dormir beaucoup !!! Quelles sont les solutions ? Pas de contrainte particulière en perspective et rien de plus facile que d'avoir des comportements adéquats pour un Ramadhan en bonne et due forme… En fait, le respect de l'ensemble des solutions suivantes y contribuera. La faim et son corollaire, la fatigue, doivent être combattues par des apports alimentaires appropriés. Le respect obligatoire du s'hor et sa composition très nourrissante, sans être forcément abondante, apportant des aliments autorisant une plus longue rétention de l'eau absorbée (sels minéraux), permettra un déroulement satisfaisant de la journée qui suivra. Une bonne quantité de chorba ou autre potage incluant viande, légumes et féculents, une portion de viande, préparée selon son goût, accompagnée de féculents ou de pain et enfin une part de fromage et d'huile d'olive représentent l'ensemble des aliments nourrissants du s'hor. Pris en bonnes quantités, ces derniers assureront une couverture de jeûne d'une dizaine d'heures alors que, rassurez-vous, la durée du temps restant pour le f'tour ne sera pas pour autant pénible… En revanche, pour ce repas du matin, la faim risque de ne pas être au rendez-vous. Il est ainsi intéressant de savoir que tout est en fait une question d'adaptation et avec le temps, ce petit souci ne peut que s'amenuiser ou disparaître, préservant, même après le Ramadhan, cette bonne habitude de manger le matin ! Par ailleurs, un sommeil satisfaisant, en qualité et en durée (un minimum de cinq heures est nécessaire pour que l'organisme puisse récupérer), contribuera au bon déroulement de la journée à venir. Ses qualités de profondeur et de paisibilité se payeront au prix d'un repas du soir léger, pas trop nourrissant (ce qui ne signifie nullement pas abondant), n'entraînant qu'un minimum d'effort de digestion, pris trois quarts d'heure à une heure avant l'endormissement. Il est vraisemblablement sûr qu'un couscous de semoule au beurre (s'men), orné de viande de mouton et de légumes ne risque pas d'offrir un sommeil calme honoré de beaux rêves… Conclusion La pratique du Ramadhan n'est nullement l'occasion de se nourrir n'importe comment. En dehors de la fatigue relatée plus haut, des maladies peuvent également se manifester à cause de comportements nutritionnels inappropriés et excessifs adoptés durant ce mois. Ainsi, les erreurs alimentaires et la désorganisation des repas opérées à cet effet vont mettre en évidence une fragilité et une certaine susceptibilité de l'organisme lequel ne manquera pas de réagir chez certains sujets prédisposés. Dans notre pays, en 2008, deux millions de cas de diabète se sont déclarés à la suite du Ramadhan, et ce, à cause d'un «gavage» en sucres lents que s'était autorisé ce même nombre de personnes. Manger et, bien entendu, boire correctement sont les plus sûrs moyens pour l'organisme de résister de façon correcte à la fatigue avec un minimum de contraintes et un maximum de plaisir dû à la satisfaction, sans égale, de s'être acquitté de son obligation religieuse annuelle qui n'est en fait qu'une preuve d'amour.