Le nombre de pauvres se multiplie avec la dégradation du pouvoir d'achat qui rend la vie de plusieurs habitants de la wilaya de Tizi Ouzou très difficile. La misère sociale frappe de plein fouet des franges de la société. Seulement 17 469 familles démunies ont été recensées par les services de la Direction de l'action sociales (DAS), mais la réalité du terrain est tout autre, puisque parmi celles-ci ne figurent pas les foyers ayant un revenu quelle que soit sa nature. «On ne sait pas sur quels critères les autorités classent les familles démunies, alors que si l'on se réfère à la réalité, la quasi-totalité des citoyens de la région sont nécessiteux», estime un citoyen de la capitale du Djurdjura. Un autre ajoute : «Incroyable mais vrai. Un employé qui ne touche même pas le SMIG est considéré par l'Etat comme non nécessiteux alors qu'il ne peut même pas subvenir à ses besoins élémentaires. Les autorités se basent sur des chiffres que j'estime fallacieux.» Les avis des uns et des autres convergent tous à dire que les statistiques fournies par les services de la Direction de l'action sociale ne tiennent pas la route, étant donné que nombreux sont ceux qui sont oubliés, car ils perçoivent un semblant de salaire. Dans la ville de Tizi Ouzou, plusieurs familles vivent dans des situations des plus intenables sur le plan social. Des citoyens continuent d'habiter dans des bidonvilles et des tentes de fortune. Des sinistrés du séisme de 2003 passent leur neuvième mois de carême dans des conditions de vie insupportables. Des familles entassées dans des centres où le minimum de conditions élémentaires pour une vie décente fait défaut. Elles se sentent marginalisées et victimes d'injustice. Elles vivent le calvaire. «C'est la misère qu'on vit depuis plus de 8 ans dans cet endroit dépourvu de toutes commodités. On est à 12 dans ce taudis de quelques mètres carrés», nous dira l'un des concernés. Même topo chez les autres ménages éparpillés au niveau de l'ancien parc de l'Eniem, à la sortie est de la ville, où le risque de maladies à transmission hydrique n'est pas à écarter, surtout en cette période de chaleur. Ce constat illustre parfaitement la galère de ces oubliés des pouvoirs publics. «On reçoit des tonnes de promesses toujours à la veille des élections, mais une fois les candidats sont installés dans leurs postes, ils ignorent carrément leurs engagements», fulmine un autre père de famille. Cela sans parler des sans-abri, dont le nombre reste inconnu par les services concernés. En ce mois de carême, ces malheureux trouvent les restaurants du cœur comme seul lieu de convergence à l'heure du f'tour. Mais, force est de constater que le nombre de restaurants Errahma ouverts dans la ville des Genêts est loin de satisfaire toute la demande. Le Croissant-Rouge algérien (CRA), qui essaye de venir en aide aux nécessiteux durant ce mois de piété, ne peut, à lui seul, faire face au nombre de plus en plus croissant de démunies dans la wilaya de Tizi Ouzou. «On travaille avec les dons des bienfaiteurs pour essayer d'aider le maximum de nécessiteux. On distribue même des couffins alimentaires aux familles démunies. On va aussi organiser des circoncisions le 27e jour du Ramadhan pour enfants nécessiteux, comme on prévoit également des visites aux enfants malades dans les hôpitaux le jour de l'Aïd», nous dira Hakem Aït Hammadouche, président du CRA, comité de wilaya de Tizi Ouzou. En dehors du chef-lieu de wilaya, la pauvreté bat son plein, malheureusement le citoyen vit dans l'indifférence des pouvoirs publics. L'exemple le plus édifiant nous vient des communes frappées par la misère et le dénuement où des habitants sont employés dans les services communaux dans le cadre de l'IAIG (Indemnité d'activité d'intérêt général) avec un «salaire» dérisoire. «Il n'y a pas d'autres postes d'emploi. L'IAIG est un luxe pour certains habitants de notre commune qui est frappée de plein fouet par un chômage galopant», fait remarquer un citoyen de la région d'Akerrou, une commune des plus pauvres de la wilaya de Tizi Ouzou. Dans cette localité, la pauvreté a atteint le paroxysme. Il n'y a ni agriculture ni industrie pouvant générer des postes d'emploi. Plusieurs communes de la wilaya de Tizi Ouzou vivent le même calvaire, à l'image d'Imsouhal, M'kira, Mizrana, Aït Yahia Moussa Sidi Naâmane, Boudjiamaâ et Makouda.