Exiguë, la salle d'audience au tribunal d'Aflou ne pouvait contenir les citoyens venus par centaines assister au procès de trois élus (APC) interpellés au lendemain des événements qu'a connus Brida. La présidente a préféré trancher la question de procédure, les avocats de la défense (6) n'ont pas eu à insister pour que la présidente récuse le fait que le P/APC se constitue partie civile tout en étant témoin à charge. Poursuivis pour attroupement et incitation à l'attroupement, les 3 accusés ont nié leur présence sur les lieux au moment des faits. Cités comme témoins, le secrétaire général, le chef de daïra (absents au moment des faits) n'ont pu attester de la présence des accusés lors des protestations pour que l'accusation d'attroupement tienne la route. S'agissant de l'incitation à l'attroupement, le chef de daïra s'est contenté de mentionner un flash émanant du délégué à la sécurité. Dans son réquisitoire, le procureur de la République, qui a requis une peine d'une année de prison ferme, suggérait que des éléments du dossier ont été délibérément omis pour s'en tenir aux deux chefs d'accusation, sans plus. La présidente et le procureur ont recommandé aux avocats d'éviter toute polémique d'ordre politique. « Les seuls dommages sont ceux causés aux citoyens, à leurs libertés et leur quiétude », souligne-t-on. « Partant de la légitimité de la protestation des citoyens, dont les affaires sont entravées en raison du blocage qui perdure au sein de l'APC depuis sept mois, comment peut-on accuser les élus d'incitation à la protestation dont les animateurs (citoyens) réclament la dissolution totale de l'assemblée ? », s'est interrogé à juste titre l'un des avocats. Un autre avocat a tenu à relever que l'un des accusés n'a pas à être poursuivi, considérant qu'il est maire de fait, désigné par ses pairs depuis plusieurs mois, sans que la délibération y afférent soit rejetée pour l'administration ou annulée par la justice. Dans le même ordre d'idées, on s'est interrogés sur l'abandon des poursuites à l'encontre d'un quatrième élu sur les sept que compte l'assemblée, alors qu'il était cité au début de l'affaire. Si l'on s'attend à ce que les élus fassent appel dans les prochains jours, sachant que leur condamnation vaut une suspension, il est utile de rappeler que le recours préventif à la force publique décidé par le wali a été décidé en dernier recours. En effet, en marge de la célébration de l'Aïd, le chef de l'exécutif a pris à témoin les élus ainsi que les cadres de la wilaya. « Nous avons épuisé toutes les voies à même d'assainir la situation au sein de l'assemblée, en vain. Comme on ne pouvait cautionner la mesure de retrait de confiance initiée par les élus parce que non motivée, il est hors de question de remplacer un P/APC, aussi analphabète soit-il, par un autre aussi analphabète, d'autant plus que les enquêtes initiées ne nous révèlent aucun manquement... », a-t-il souligné. Il précisera que les faits reprochés au P/APC ont trait à des délibérations signées par les élus protestataires eux-mêmes. Si tout le monde a remarqué la retenue dont a fait preuve le P/APC lors du procès pour maintenir la paix entre les différents archs, des sources attestent qu'il détient des éléments à même de confondre ses détracteurs. « C'est le seul P/APC à recourir à des appels d'offres, même pour l'acquisition de l'eau de javel », affirme-t-on.