Un groupe de malfaiteurs spécialisés dans le trafic des pièces archéologiques vient d'être appréhendé. Mais pas sans donner encore une fois un coup à ce qui reste du patrimoine culturel algérien. Plus d'une trentaine de pièces archéologiques ont été récupérées. Le réseau, faisant du patrimoine national un moyen de gain rapide, activait dans plusieurs wilayas, dont Sétif, Bouira, Tizi Ouzou, Relizane et Tiaret. Au moins une dizaine de personnes sont impliquées dans cette affaire. Présentées au juge, deux d'entre elles ont été placées sous contrôle judiciaire. D'après la cellule de la communication de la Gendarmerie nationale, les pièces saisies sont des statuettes, des pièces de monnaie, des épées, de petites chopes en métal, une balance en cuivre et des pièces funéraires. Les objets retrouvés datent des époques punique et ottomane. Lors des investigations, les spécialistes de l'Office national de gestion et d'exploitation du patrimoine ont identifié et classifié les pièces archéologiques. La moitié d'une statuette en marbre représente Faustina, l'épouse de l'empereur romain Antonius ; une autre est à l'effigie de l'empereur romain Adrianus. D'après une personne impliquée dans cette affaire, les objets appartiendraient à T. M., 43 ans, résidant à Tiaret, qui est toujours en fuite. Le réseau est bien structuré. Ses membres proposaient d'abord sur CD les objets volés aux acheteurs. Un CD récupéré comporte 33 photos. Une balance en cuivre jaune, une médaille des Jeux universitaires du Maghreb datant de 1968, un ancien modèle de ceinture pour femme, une pièce en argent et une coupe en métal ont été retrouvés à Bouira ; sept autres pièces archéologiques ont été saisies à Tiaret. L'enquête approfondie a révélé que les pièces appartenaient à B. M., 36 ans, qui a reconnu l'existence de 13 autres pièces. La cellule de communication de la Gendarmerie nationale affirme que le réseau active uniquement sur le territoire national. A ce titre, la question qui s'impose est relative à la nature des receleurs et des acheteurs. Ces derniers sont-ils spécialistes dans le domaine ? Les données communiquées jusque-là écartent cette hypothèse. Les cinq personnes arrêtées à Bouira n'ont aucun lien avec l'archéologie. Mais un acheteur profane peut-il reconnaître la valeur d'une pierre funéraire d'une autre époque ? Difficile à admettre. De plus, l'origine des objets retrouvés n'est toujours pas identifiée. Des vols ont été signalés par le passé dans différentes régions du pays. L'enquête est en cours. Mais dans le cas où les objets retrouvés ne correspondent pas à ceux volés, peut-on parler de fouilles clandestines en Algérie ?