Les récentes pluies automnales qui se sont abattues sur la capitale ont été, on n'en disconvient pas, salvatrices et abondantes, gonflant nos barrages de cette précieuse denrée destinée entre autres pour nos foyers. Dieu merci pour la généreuse manne céleste, mais ce qui est désolant, ce ne sont pas les pluies fécondes qui ressourcent la terre. Ce ne sont pas ces précipitations qui lessivent nos cités. Ce ne sont pas les hallebardes de Dame nature qui nous détrempent. Mais il s'agit de ces pluies lorsqu'elles tombent sur Alger, mégapole d'El Djazaïr. Le spectacle qui nous est donné à voir, comme de coutume, à chaque ondée, à travers les artères, rues, ruelles, met à nu la gestion d'une cité qu'on a tendance à clochardiser au fil du temps. On ne peut, dès lors, ne pas défier celui qui ose nous contredire sur l'image hideuse qu'offre Alger, une cité dont les gestionnaires s'emmêlent les tâches qui leur sont dévolues, se jetant mutuellement la balle lorsqu'il s'agit de mettre de l'ordre ou de remettre en l'état une voie qui, une fois triturée, est abandonnée, les tripes en l'air par quelque Epic ou sous-traitant. Trop criant est le décor pour ne pas s'en apercevoir lorsque piétons et automobilistes peinent à se frayer un chemin au milieu des trombes d'eau, des mares et autre gadoue, générée par la terre glaise charriée par les interminables ouvrages en chantier, congestionnant les avaloirs qu'on ne presse de curer qu'après coup. Pas avant. Trop évident pour ne pas constater l'absence de canaux d'évacuation servant de drainage et placés, autrefois de part et d'autre de la chaussée dans la plupart des rues d'Alger. Les regards obstrués et les caniveaux de réseaux divers enterrés sans dalle deviennent des réceptacles d'une eau dormante. Trop patent pour ne pas remarquer les trottoirs dont le revêtement lépreux et médiocrement réalisé vous surprend lorsqu'il pleut. Ces parties latérales de la chaussée qui, une fois revêtues de pavés autobloquants, sont défoncées par le «génie» de nos entrepreneurs sous-traitants. On ne peut effectuer une dizaine de pas sans être surpris par les éclaboussures qui jaillissent par-dessous nos pieds. Les colonnes d'évacuation des eaux pluviales éventrées qui serpentent le long des immeubles ne manquent pas de vous arroser au passage. Cela dégorge de partout et il faudra que le quidam fasse de la gymnastique pour enjamber les gravats charriés par les ruisselets qui se répandent dans le plat de la chaussée dont le niveau du bitumage est plus haut que celui du trottoir ! Voilà une ville, une capitale avec ses espaces publics qu'on s'escrime gauchement à gérer.