Les dégâts causés par l'extraction du sable des ces terres agricoles ont rendu leur mise en valeur quasi-impossible. Les pilleurs de sable attaquent à l'aube.» Cela pourrait être le titre d'un film. Mais, ici, la réalité dépasse la fiction. C'est une histoire rocambolesque qui se déroule à ciel ouvert à Bou Saâda, où un citoyen propriétaire d'un terrain à Maadher Dhahraoui a vu son lot se transformer en sablière et exploité par des tiers. Bénéficiaire d'un acte d'attribution d'une parcelle agricole en 1987 délivré par la daïra et l'APC et figurant dans le cadastre à l'endroit cité plus haut, notre citoyen a eu la désagréable surprise, en avril dernier, de constater que ladite parcelle était occupée. Le géomètre qui l'accompagnait pour délimiter la parcelle de 6 ha n'en croyait pas ses yeux. Point de terre agricole, dont c'était la vocation initiale, mais une impressionnante sablière, puisque l'occupant s'est offert plusieurs autres hectares, engrangeant des millions de dinars par jour, en extrayant le sable. Une véritable mine d'or. Aucune facture n'est délivrée aux camionneurs, nous précise-t-on. Lorsqu'il est interpellé, et pour toute explication, le nouveau propriétaire exhibe un titre minier d'exploration et non d'exploitation pour la zone de Djelida dans la commune de Ouled Sidi Brahim. Alors que l'endroit incriminé se trouve bel et bien dans la commune de Bou Saâda. Qu'est-ce qui explique cet imbroglio ? Toutes les copies et les documents relatifs à ces terres se trouvent dans la commune de Ouled Sidi Brahim. Comment donc cet entrepreneur hardi a-t-il pu faire transformer les terres d'une commune à une autre sans que cet acte répréhensible soit condamné par les autorités compétentes.Notre citoyen délesté s'est adressé aux administrations concernées pour les sensibiliser sur la gravité de cet acte, mais sans résultat.Ballotté de service en service, il a déduit que les complicités administratives sont encore aussi criminelles que l'acte lui-même. Acte de violation du bien d'autrui et d'agression délibérée contre la nature. Un véritable crime économique et écologique ! Pourtant, dans le procès-verbal de constat établi le 18 mai dernier et en application des directives du wali de M'Sila, une commission composée du directeur des Domaines, de l'énergie et des mines, de l'environnement, des travaux publics, de l'hydraulique et des forêts avait effectué une visite sur le site des carrières de sable et a constaté que la carrière est située sur la rive droite de l'oued Maïter, titulaire d'un titre minier sous le n° 2809 PM du 31 juillet 2005 localisant l'activité au lieudit Djelida, commune de Ouled Sidi Brahim, autorisant l'exportation de sable. Le titre est modifié et complété par un titre minier du même numéro en date du 8 juin 2010 localisant l'exploitation au lieu Djelida, commune de Oued Sidi Brahim, autorisant l'exploitation du sable et du conglomérat. Le constat des directeurs de wilaya signale que le premier titre fait référence à un avis favorable de la wilaya, tandis que le second ne mentionne aucun avis.Voilà qui est clair ; mais ce qui l'est moins, c'est que la wilaya semble hésiter sur la localisation de Djelida, qui se trouve bel et bien dans la commune de Ouled Sidi Brahim et non de Bou Saâda ! La commission s'est accordé une sortie sur le terrain en présence de l'Agence nationale de la géologie et du contrôle minier. Mais, visiblement, rien n'a été fait, au grand dam de notre citoyen qui s'est appuyé sur un huissier pour constater de visu l'état des faits en se déplaçant sur le site à Maadher Edhahraoui. Là, l'huissier a vu que la terre appartenant à son requérant ainsi que 128 bénéficiaires est exploitée par des tiers aux fins d'extraction de sable. Un rapport exhaustif de l'auxiliaire de justice a été établi à cet effet. Quant à l'expert judiciaire, sa conclusion est sans équivoque. «Au vu des dégâts causés par l'exploitation des sabliers, camions et engins sur le terrain en question, sa mise en valeur est quasiment impossible sauf remise en l'état des lieux qui peut s'avérer très coûteuse et qui reste à évaluer.» Cette exploitation minière située en amont entre Oued Maïder et Oued Bou Saâda, peut donner lieu à un débordement et à des inondations aux conséquences incalculables. Cette éventualité ne semble guère inquiéter les autorités locales…