Omar Kezzal a tiré sa révérence sans crier gare et dans l'indifférence d'un monde du football aussi ingrat que vil à l'égard de ses valeureux serviteurs. Le défunt faisait partie, justement, de cette catégorie de personnes et de dirigeants qui incarnaient la compétence et l'intégralité. Celui qui a dirigé la Fédération à trois reprises (1982-1984, 1989-1992 et 2000-2001) s'est éteint hier à l'âge de 76 ans. Après de longues années au service du football, il s'est retiré sous sa tente, loin du tumulte du ballon rond et de ses avatars. Après la parenthèse du football, il a eu rendez-vous avec un autre match. Celui contre la maladie qu'il a livré, entouré de sa famille et de quelques rares (vrais) amis. Il y a quelques jours, le 24 décembre dernier, à l'initiative de ses amis Daoud Kermat et Hamid Zouba, une visite était programmée au domicile de l'ancien président de la Fédération. S'étaient joints aux sus-nommés votre serviteur et Abderrahmane Bergui. Omar Kezzal a accueilli ses invités avec chaleur. On le disait très fatigué et on avait en face de nous un homme en forme qui souriait, parlait encore football, demandait des nouvelles de l'ancien arbitre Hadj Ahmed Khellifi et rassurait ses amis sur sa santé par cette boutade : «Le pape Jean Paul II a bien vécu avec cette maladie jusqu'à l'âge de 82 ans.» Il ne les fera pas. Pendant plus d'une heure, il n'arrêtait pas de parler du football et échanger, au passage, quelques anecdotes avec Hamid Zouba, à qui il avait confié, en compagnie de Hamid Kermali, les destinées de l'équipe nationale dans la seconde partie de son parcours dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2002. Dans le salon familial, entre un verre d'eau fraîche, le thé et les gâteaux, Abderrahmane Bergui, que le défunt appréciait beaucoup, lui suggéra une petite cérémonie de retrouvailles avec tous ceux qu'il aime. Omar Kezzal donna son accord à l'ancien arbitre international pour réunir autour de celui qui fut un grand commis de l'Etat les êtres qui lui étaient les plus chers. Le destin en a décidé autrement. L'homme qui a dirigé la Fédération à l'époque de son unique sacre continental (CAN 1990) s'est éteint avant la tenue des retrouvailles qu'il souhaitait de toutes ses forces. Ses collègues aux PTT, eux aussi, ne sont pas près d'oublier cet homme qui a piloté l'opération informatisation au sein de cette entreprise citoyenne. Grand-père et arrière-grand-père, Omar Kezzal a marqué de son empreinte la jeune histoire du football algérien. C'est cet homme bon, jovial, compétent, intègre qu'une foule nombreuse a accompagné hier à sa dernière demeure au cimetière de Ben Aknoun, à quelques encablures du stade du 5 Juillet et du siège de la Fédération, deux lieux qu'il aimait fréquenter au moment de sa splendeur. C'est ce dirigeant que le football algérien pleure aujourd'hui et que la faucheuse a ravi à l'affection des siens et des milliers d'anonymes passionnés de football et de l'équipe nationale. En cette douloureuse et pénible circonstance, la rédaction sportive d'El Watan, profondément affectée par la disparition de ce grand homme, partage la douleur de sa famille et de ses proches et prie Dieu Le Tout Puissant d'accueillir le défunt en Son Vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.