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Récit d'un sans-papiers
IQT, trois initiales pour un avenir incertain
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2006

C'est ma première invitation. Je suis à la fois amusé et en colère. Enfin, amusé n'est pas le mot adéquat. Invité à quitter le territoire, IQT. C'est une mauvaise blague. En Algérie, quand tu es un cancre au lycée, tu reçois en fin d'année le fameux tampon à l'encre rouge : DVA, dirigé vers la vie active.
Ici, en France, quand tu rates deux fois l'année et que tu es étudiant étranger, Nicolas Sarkozy t'invite à quitter la France. Drôle de proviseur. Je ne suis pas contre l'obligation de réussite. Mais sincèrement, bosser comme un taré dans la restauration rapide, s'adapter à une nouvelle vie, trouver où se loger et réussir ses études du premier coup relève du miracle. A presque 28 ans, j'estime que je ne suis pas assez vieux pour ne pas avoir de chance de poursuivre mes études. Puis, je me vois mal retourner en Algérie sur un échec. Dans cinq jours, je plonge dans la clandestinité. Un nouveau sans-papiers dans les rues de Paris. Je vais continuer mes études. Rien ne s'oppose à ça. Je me suis déjà inscrit. Pour le boulot aussi, c'est réglé : mon patron a accepté de me garder en noir. Vous comprenez pourquoi je refuse d'être photographié. Ce serait la honte de mon quartier, une hchouma cosmique, intersidérale. Je vois la tête de mon père découvrant ma photo dans le journal. Non, merci. Toute ma famille s'est mobilisée pour me payer les études. Entre décevoir mes parents ou Nicolas Sarkozy, le choix est vite tranché. Mon parcours est des plus atypiques. Ayant vécu toujours à Alger, je me suis inscrit à l'université de Tizi Ouzou, section économie. C'était pour me rapprocher de ma grand-mère et aussi parce que la promiscuité devenait asphyxiante à Alger. 12 personnes, presque toutes adultes, dans un F3. Impossible de se mouvoir, d'avoir une intimité. Tizi Ouzou a été une oasis sur ce plan, mais aussi une école politique. L'université bouillonnait. Après ma licence, j'ai fait comme la plupart des étudiants de ma promotion. Direction Paris. Je rêvais d'une vie meilleure. Pas spécialement à Paris. Je me voyais plutôt repartir à Alger avec des diplômes pour devenir prof à la fac, et aussi pas mal d'argent pour acheter un appartement. J'ai fait plein de calculs. 50 000 euros, c'est la somme qui m'aurait permis de rentrer la tête haute. Il me faut rembourser mes dettes et démarrer une nouvelle vie. IQT, invité à quitter le territoire. Pour d'autres territoires ? Je commençais juste à apprécier ma vie parisienne. Mes études étaient sur la bonne voie. Je me suis fait des amis à l'université de Versailles. Plusieurs compatriotes ont reçu leur IQT. La préfecture de Paris en distribue treize à la douzaine. Au moment du renouvellement de la carte de séjour, les services de la préfecture vous donnent un récépissé de trois mois. Puis avant la date fatidique, on reçoit une IQT sans aucune motivation. Personnellement, j'attribue cette décision à mon échec scolaire. J'ai raté l'année de peu. Aucun recours. Mes deux colocataires se trouvent dans le même cas. Jusqu'en juin, c'est relativement gérable. Après, c'est la grande inconnue. Une fois privé de la carte d'étudiant, il est pratiquement impossible de faire la moindre démarche administrative. Plus d'aide au logement, plus de réduction dans les transports, plus de couverture sociale. Je n'arrête pas de faire des cauchemars. J'aimerais finir mes études. Je ne ferme plus l'œil la nuit. Je ne vois pas comment m'en sortir. Que ferai-je de l'autre côté de la mer sans qualification ni diplôme ? Pas question de traîner dans le quartier à longueur de journée. Certains compatriotes ont réussi à s'inscrire aux universités anglaises. Il paraît que là-bas les autorités sont moins répressives. Je me sens plus à l'aise en France. A cause de la langue et de mes amis. Actuellement, j'arrive à mettre environ 200 euros de côté, le salaire d'un cadre moyen en Algérie. Comme ça, si j'étais expulsé manu militari, j'aurais de quoi me retourner les premiers mois. Tristes perspectives. Le temps est à l'orage. Je continue de mentir à mes parents. Pour eux, tout va bien. Leur fils est brillant et n'a aucun problème. Souffrir seul. Je me donne deux ans pour réussir. Ou échouer complètement. A 30 ans, je repars en Algérie, avec ou sans diplôme. Avec ou sans papiers. D'ici-là, je vais mettre des sous de côté pour réaliser mon plus grand rêve. Me mettre à mon compte, si devenir prof à la fac échoue, avec un concept révolutionnaire en Algérie. Tout est prêt. Sauf l'argent. Tout cela évidemment dépendra du moindre contrôle d'identité. IQT, trois initiales pour un avenir incertain.

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